6 – Le Londres.
Le Londres sur le vol de retour vers la Voie lactée – mais personne ne peut échapper à la vengeance de Rodrom.
Personnages principaux du roman :
Perry Rhodan : L’immortel ne peut pas empêcher la catastrophe.
Wyll Nordment : Il est face à sa plus grande épreuve.
Rosan Orbanaschol : Son bonheur et son malheur sont très proches.
Attakus Orbanaschol : Il essaie par tous les moyens de récupérer Rosan.
James Holling : Le capitaine lors de son dernier vol.
Rodrom : Sa vengeance est cruelle.
Sam Le Somien se bat pour sa vie.
Arno Gaton : L’heure la plus noire de sa vie commence.
1 – Le voyage de retour.
La bataille avait été remportée. Les vainqueurs étaient sur le chemin du retour. Le prétendu bien l’avait de nouveau emporté face au prétendu mal.
Perry Rhodan avait de nouveau montré à des entités qu’elles n’étaient pas invincibles et infaillibles. La poursuite de Rodrom après l’immortel et sa vengeance désirée avaient échoué.
Rodrom avait subi un échec à tous les niveaux, ses cinq guerriers bestiaux n’avaient pu tuer Perry Rhodan. Ils avaient trouvé la mort durant le combat sur la Terre parallèle.
C’était Sato Ambush qui avait joué un tour à Rodrom et permis le retour du Londres dans l’univers normal. Hélas, le pararéaliste lui-même n’avait pas réussi le retour dans son univers.
À peine Rhodan et Aurec étaient-ils de retour dans Saggittor qu’ils entreprirent d’abattre le dictateur Dolphus. Dolphus avait déjà rassemblé une armada de vaisseaux qui devaient attaquer la Voie lactée. Au lieu de cela cette armada maintenant dirigée par Aurec attaqua la station de Rodrom dans le Centre. On put franchir la barrière et repousser les Kjolliens. On vit alors à quel point les Chaotarques étaient implacables. Rodrom déchaîna une supernova dans le système des Kjolliens, punissant ainsi les perdants.
La majeure partie du peuple des Kjolliens fut exterminée. Rodrom se retira de Saggittor avec le Wordon, mais il apparut encore à Rhodan et le prévint de sa vengeance renouvelée.
Puis Rhodan fit ses adieux à son nouvel ami Aurec. Le Londres partit pour son vol de retour vers la Voie lactée.
Le voyage durait depuis un mois vraisemblablement. On était maintenant le 10 décembre 1285 NDG. Le voyage du fier vaisseau de la Hanse avait commencé deux mois auparavant. Il ne devait normalement durer que deux semaines, mais le piratage par le père Dannos et ses Enfants du Soleil, le transfert dans la galaxie Saggittor et les aventures dans l’univers parallèle avaient complètement bouleversé tout le calendrier de la Hanse Cosmique.
Mais tout cela était maintenant derrière les quinze mille hommes et femmes du Londres. Ils pourraient bientôt revenir chez eux. L’Odyssée du Londres arriverait bientôt à sa fin… bientôt…
Rosan se tenait à la rampe et regardait le ciel artificiel créé par la syntronique de bord du Londres. Le petit soleil artificiel était activé et la température ainsi plus élevée sur le pont du croiseur de luxe. L’oxygène était enrichi avec un léger goût salé. Un bruit de vagues était ajouté. Rosan avait l’impression d’être sur un véritable navire et de traverser un océan.
Ils regardaient les humains qui tiraient encore le meilleur du voyage. Arno Gaton avait promis par la force des choses une réduction des prix jusqu’à 50 % pour tous les passagers. Et en plus boissons et repas gratuits pour le week-end. Il put ainsi à nouveau calmer les passagers en colère, mais aussi effrayés. Le voyage était presque devenu un fiasco pour la Hanse Cosmique.
Ils devaient justement à Perry Rhodan d’avoir pris un heureux tournant.
C’était Perry Rhodan, avec aussi l’aide de Sam, Aurec, Wyll et Rosan elle-même qui avait vaincu Rodrom. Certes, de nombreux hasards heureux avaient joué, mais sans Perry Rhodan le Londres aurait déjà été perdu lors du piratage par Dannos.
Tous à bord lui étaient redevables, mais ils ne le montraient pas. Rosan roula les yeux quand elle pensa à sa propre famille. Spector avait désigné Rhodan comme cause de toute sa misère. Pour lui, Rodrom ne se serait jamais intéressé au Londres sans Rhodan.
Certes, de ce point de vue il avait raison, mais sans la méthode apaisante de Rhodan et sa capacité à s’imposer, Dannos aurait déjà pu accomplir ses plans, ce qui aurait signifié la fin pour beaucoup.
En outre, personne n’avait le droit de rendre Perry Rhodan responsable de la méchanceté de Rodrom.
Mais cela avait toujours été une force des Arkonides.
Rosan Orbanaschol pensait maintenant à son avenir. Beaucoup de choses s’étaient passées durant ce voyage. Elle avait fait la connaissance du seul homme qu’elle aimât vraiment. Elle était aussi certaine de son amour. Wyll Nordment avait plus changé sa vie que les aventures des deux derniers mois.
Il lui avait montré comment elle pouvait être belle. Loin des Orbanaschol et de l’étiquette arkonide. Rosan était saturée de devoir chanter tous les matins l’hymne arkonide. Pour l’honneur et la gloire d’Arkonis. Elle ne pouvait plus supporter l’arrogance d’Attakus. Pourtant, elle était censée l’épouser. Plus tôt, Rosan avait joué avec l’idée de mettre fin à sa vie, mais quand elle avait voulu le faire, Wyll Nordment était intervenu. Son bonheur avait toutefois été de courte durée. La nuit où ils étaient tombés amoureux se produisit le piratage du Londres par Dannos. Ils n’avaient pas pu vraiment s’aimer. Puis tout se passa très vite. Seulement quelques jours plus tard, le Londres fut piraté pour la deuxième fois. Et il y avait aussi les intrigues d’Attakus qui avait fait mettre Wyll en prison pour un moment. Lui et Rosan étaient certes fréquemment ensemble, mais ils n’avaient pas eu le temps de jouir vraiment de leur amour.
Maintenant, ils avaient tous deux de penser à eux et à leur avenir peut-être commun. Rosan voulait d’abord être seule un moment pour être sûre de ses sentiments.
Elle aimait Wyll plus que tous les autres et était aussi fermement persuadée qu’ils pouvaient être heureux ensemble. Toutefois, elle avait peur de sa famille. Spector et Attakus Orbanaschol ne reculeraient devant rien pour empêcher le bonheur de Rosan et Wyll. Elle était aussi parfois d’avis que Wyll serait mieux sans elle.
En signe de reconnaissance, Wyll Nordment avait reçu une meilleure chambre. Il n’avait pu cependant récupérer de Gaton son poste de navigateur. En raison de la participation décisive de Wyll au sauvetage du Londres on avait cependant laissé tomber les accusations de complicité dans le piratage et sur son attaque contre Attakus Orbanaschol.
La cabine était très confortable. Wyll était assis sur son lit et avait croisé les bras derrière la tête.
Il pensait naturellement à Rosan. Il l’aimait et voulait passer le reste de sa vie avec elle. Il n’avait pas peur des Orbanaschol. La seule chose qui lui manquait pour le moment était un boulot. Il ne croyait pas pouvoir revenir un jour dans la Hanse.
Certainement qu’aucun homme ne devait plus mourir de faim sur la Terre et Wyll était certain d’obtenir une place sur n’importe quel navire, mais était-ce aussi le plus important pour Rosan ? Même si elle ne voulait pas le reconnaître, elle était habituée à un certain mode de vie.
Wyll ne voulait pas qu’elle abandonne tout à cause de lui.
Il poussa un profond soupir. Puis il regarda son chronomètre. Il était déjà 20 : 40. Il décida de rejoindre Rosan pour lui parler de tout.
Perry Rhodan et Sam étaient assis dans la cabine de Rhodan et profitaient du calme. Pour Rhodan les aventures de ce type n’étaient plus inhabituelles, mais Sam avait besoin d’un temps de pause. Rhodan le lui accordait depuis le départ de la galaxie Saggittor.
Le Camelotien pensait à son nouvel ami Aurec. Aurec lui rappelait parfois Ovaron. Il recelait beaucoup d’énergie. Il était content que malgré les coups du sort Aurec aie réussi à unifier à nouveau l’empire saggittorien et qu’il le dirige maintenant.
Le Saggittorien n’avait toutefois pas révélé pourquoi Shel Norkat ne s’était pas décidée à devenir la femme d’Aurec.
Peut-être est-ce mieux pour toi. Les femmes terraniennes sont parfois très étranges, pensa Perry. Rhodan était certain de rencontrer souvent Aurec par la suite.
Il nourrissait aussi le sentiment qu’il rencontrerait à nouveau Rodrom. Il pensait aux dernières paroles de l’entité avant qu’elle ne disparaisse de la galaxie.
Tu entendras encore parler de moi, Perry Rhodan. Ton destin, comme aussi celui des hommes et des femmes sur le Londres, est scellé. Mais devrais-tu à nouveau échapper à la mort, sache qu’il y en a d’autres qui veulent ta mort et se préparent en ce moment.
Rhodan ne savait pas ce qu’il voulait dire par-là, mais ce n’était certainement pas des menaces en l’air. Il devait se méfier de tout. Rhodan ne serait content que quand le Londres aurait rejoint des terrains connus.
Sam s’était entre-temps endormi. Le Somien s’était comporté très courageusement pour un diplomate et un politicien. Il était digne d’un Camelotien. Perry se réjouissait de leur future collaboration.
Il n’était pas non plus certain de ce qu’il allait faire exactement de Sam. Il devait travailler sur un plan à long terme pour que la Voie lactée soit à nouveau paisible. Une mission vraiment fatigante, mais Sam pouvait la mener à bien.
Rhodan amena une couverture et l’étendit sur l’homme-oiseau. Puis il sortit de la cabine et alla se promener dans le navire.
Il remarqua à quel point le Londres était vraiment beau. Quelque part, Rhodan était content que rien de pire ne soit arrivé au navire.
James Holling et Arno Gaton étaient assis ensemble dans une des nombreuses salles à manger. C’était une de celles prévues pour les petits repas. Ils étaient assis dans deux fauteuils confortables. Devant eux se tenait un petit plat. Les deux buvaient une tasse de cappuccino.
— Tout s’est bien terminé. Malgré les capsules de sauvetage manquantes, fit Holling, passant à une discussion sérieuse et mettant ainsi fin à la conversation insignifiante menée jusque-là.
Gaton secoua la tête.
— Ne recommençons pas, James. Le Londres n’a jamais été en grave danger, dit le Porte-parole de la Hanse.
Holling avala de travers sa boisson chaude à ce commentaire.
— C’est une plaisanterie !
Gaton tapota Holling sur la jambe.
— Calme-toi. Nous devons oublier les vieilleries. Pense plutôt à ton départ.
Nous te permettrons encore de faire un tour à travers le Système Solaire. Tu pourras partir en retraite avec des feux d’artifice. En tant que commandant héroïque du Londres ! Ça n’a pas l’air beau ?
Le vieux Plophosien se laissa aller en arrière. Naturellement, il désirait un tel départ brillant. Finalement, Gaton avait raison. Il ne s’était rien passé.
Les capsules de sauvetage manquantes n’avaient joué aucun rôle. Il sourit et saisit son verre. Puis il le leva à Gaton.
— À mon dernier vol, dit-il.
Gaton paraissait content.
— À la tienne, dit-il.
Les deux hommes restèrent assis encore un moment dans la pièce à regarder les passagers.
— Tu sais, tout m’est déjà arrivé dans ma longue carrière d’officier de la flotte. Sauf une chose, murmura Holling.
Gaton le regarda d’un air interrogateur.
— Aucun naufrage. Aucune destruction d’astronef, ajouta-t-il.
Gaton rit à voix haute.
— Il ne se passera plus rien.
Le Porte-parole de la Hanse prit une longue gorgée de son verre et repartit.
Holling resta dans son fauteuil, balançant un peu la tête de côté et d’autre.
Les Orbanaschol étaient assis avec Koliput et Orn pour le verre du soir.
Rainer Trieber et d’autres hommes d’affaire influents s’étaient aussi joints à eux. Ils discutaient de la situation économique et comment la Bourse avait réagi à la disparition du Londres.
Attakus Orbanaschol n’était cependant pas dans la discussion. Il était enfoncé dans son fauteuil et tenait un verre vide. L’aristocrate fit signe à Zhart de s’approcher.
— Que puis-je pour toi ? demanda le serviteur de la famille.
— Nous devons entreprendre quelque chose pour que je reprenne Rosan, commença Attakus.
Zhart roula les yeux. Il en avait assez de ce thème. Pour lui, Attakus ne méritait pas cette « étrangère ». Mais il ne s’aventura pas à exprimer cette critique.
— Nous avons déjà tout essayé. En vain, dit-il diplomatiquement.
Attakus se leva et courut à travers la pièce, en colère. Les autres le regardèrent ébahis. Rainer Trieber murmura quelque chose au délégué topside, lequel hocha la tête. Attakus s’immobilisa soudain.
— J’ai une idée. Zhart, suis-moi.
Les deux quittèrent la pièce à pas rapides et laissèrent seules les autres personnes. Spector jeta un regard méfiant à son neveu. La façon dont il courait après Rosan ne lui plaisait pas. Spector aurait réagi autrement s’il avait été à la place d’Attakus. Il aurait fait éliminer la femme qui s’aventurait à le refuser, mais son neveu continuait à lui courir après. Spector avait déjà en tête d’envoyer quelques tueurs après Rosan Orbanaschol dès qu’ils seraient de retour sur Arkonis. Qu’importe si elle se décidait maintenant pour Attakus ou Wyll Nordment. En ce qui concernait Spector Orbanaschol, le sort de sa fille adoptive odieuse et détestée était scellé.
Il n’en avait parlé à personne. Pas même avec sa femme Thorina. Il craignait qu’elle développe soudain un instinct maternel et mette son veto à l’opération.
Ainsi, rien ne changerait. Spector aurait préféré la faire assassiner le jour même, mais personne à bord n’était prêt à cela, pourtant c’était intelligent du point de vue tactique. Il était un des principaux suspects si quelque chose se passait. En particulier dans un espace aussi réduit que le Londres. Un tueur engagé pourrait toutefois la tuer sur la Terre tandis que Spector restait assis sur Arkonis à lire son journal.
Attakus et Zhart se rendirent dans leur suite luxueuse. Ils fermèrent la porte et s’assurèrent que personne ne les entendait.
— Nordment a un tempérament irascible, commença rapidement Attakus.
Zhart haussa les sourcils et montra son accord.
— Tu as déjà pu le constater. Mais à quoi cela nous sert-il ? voulut savoir le maître d’hôtel de la famille Orbanaschol.
— Nous allons à nouveau le provoquer – publiquement. Une tentative d’assassinat aura ensuite lieu contre moi. Je survivrai naturellement, mais les preuves désigneront Wyll Nordment. Par amour pour elle, il aura voulu libérer Rosan de son méchant cousin arkonide qui voulait la tenir captive.
Ces Terraniens font tout pour l’amour, expliqua Attakus.
— Je peux facilement mettre en scène une attaque. Je pense que ça pourrait cette fois fonctionner, répondit Hermon de Zhart.
Shel était assise seule dans sa chambre. Elle réfléchissait aux choses qu’elle avait faites et les regrettait.
Shel était retombée dans son passé. Un passé où les fêtes, les drogues, l’alcool et le sexe étaient plus importants que tout le reste. Elle était partie sur le Londres pour oublier ce passé. Hélas, au lieu de rester auprès d’Aurec, elle avait dû flirter avec une autre Terranienne lors d’une fête, prendre un peu de drogue et aller au lit avec elle.
Elle ne pouvait se douter qu’Aurec avait voulu lui faire une proposition de mariage le même soir. Quand elle et l’autre Terranienne s’amusaient dans la chambre à coucher, Aurec était venu aussi. Elle ne pourrait jamais oublier la tristesse dans ses yeux. La déception s’y lisait. Jusqu’à ce moment, Shel n’avait pas été consciente à quel point Aurec avait besoin d’elle. Elle était la seule personne qui lui restât après la mort de sa famille. Shel avait essayé de réparer son erreur, mais ça n’avait plus aucun sens. Aurec ne voulait plus la voir. Il ne lui restait rien d’autre à faire que de revenir sur la Terre. Les derniers jours du voyage de retour, elle avait compris qu’elle n’aurait plus jamais une telle chance. Elle se haïssait pour cela.
C2 – Le calme avant la tempête.
Vous croyez que c’est la fin ? Vous croyez que vous avez réussi ? Je vous laisse à vos illusions. Votre surprise et votre frayeur lors de la catastrophe inévitable seront si réjouissantes. Personne ne peut défier Rodrom. Mais tu ne seras pas le seul à être puni, Perry Rhodan. Non, les quinze mille êtres à bord du Londres paieront pour cela. Ils vivront l’Apocalypse, espérant un salut qui ne viendra pas.
Les entends-tu crier ? Les hommes, les femmes et les petits enfants ? Non, tu ne les entends pas ? Mais cela viendra bientôt.
Car le sort de cet astronef est scellé.
Wyll et Rosan avaient longuement discuté, mais ils n’arrivèrent à aucun accord. Rosan était fermement persuadée qu’il était trop dangereux pour Wyll de se mesurer aux Orbanaschol.
Il lui assura qu’il avait trouvé une solution réglant tous les problèmes.
Rosan se pencha sur la rambarde et regarda Wyll avec espoir.
Il sortit ses mains des poches et les posa sur les épaules de Rosan.
— J’ai parlé avec mon nouveau patron, dit-il.
— Et qui est-ce ? voulut-elle savoir.
— Un très grand homme. Il m’a proposé le poste de navigateur en chef sur un astronef, poursuivit Wyll.
Rosan le regarda avec incrédulité.
— C’est vraiment très gentil de sa part, qui qu’il soit.
— Et même plus, je peux aussi habiter là. Un appartement grand et spacieux, une bonne paie et de la place pour deux.
Elle commença à rire. Puis elle mit ses mains sur ses hanches.
— Qui et où ?
— Perry Rhodan et Camelot.
Rosan fit un geste étonné.
— Tu as demandé à Rhodan ?
— Et il a accepté. Nous serons totalement sûrs de ta famille sur Camelot, dit Wyll d’un air satisfait.
— Dans ces circonstances, je veux bien passer toute ma vie avec toi, Wyll Nordment !
Rosan l’embrassa avec passion. Ses rêves étaient maintenant réalisés.
Rien ne pourrait plus se mettre en travers de leur bonheur.
Vous vous amusez et vous êtes heureuses, vous créatures du Londres. Mais plus pour longtemps, plus pour longtemps, car bientôt vous étoufferez dans vos cris de douleur. Ma vengeance s’abattra bientôt sur vous.
Et dans mille ans on pensera encore avec un profond respect au sort du Londres. Et chacun saura qui scella le sort du Londres. C’était l’incarnation du Chaotarque Mordror. C’était Rodrom…
11 décembre 1285 NDG
Le Londres volait à des millions de fois plus vite que la lumière à travers l’espace. On aurait dit que le commandant voulait établir un nouveau record de vitesse. D’après les derniers calculs, le Londres atteindrait la Voie lactée dans déjà trois semaines. Les convertisseurs métagrav étaient toutefois presque vides. Holling comptait faire émerger le Londres hors de l’hyperespace ce soir pour les recharger.
Perry Rhodan et Sam passaient beaucoup de temps ensemble. Ils parlaient des deux derniers mois écoulés et de l’avenir de la Voie lactée.
Il n’y avait rien d’autre à faire. Perry Rhodan appréciait le calme.
Le vol de retour s’était accompli jusque-là sans incidents. Tout se passait tranquillement.
La journée se passa relativement vite et le temps du dîner approcha. Cette fois toutes les personnalités étaient rassemblées à table.
L’orchestre jouait la valse de l’Empereur.
Gaton pensait déjà à faire un film sur les aventures du Londres, lequel serait projeté en même temps sur toutes les planètes connues.
Rhodan ne s’étonnait plus des manières du Porte-parole de la Hanse.
— Quel singe prendras-tu pour le rôle de Wyll Nordment ? Ou existe-t-il des acteurs terraniens spécialisés dans le vol des femmes de nobles ? jeta Attakus.
Wyll réagit naturellement sur-le-champ. Avant que Gaton n’ait pu répondre quoi que ce soit, Nordment était déjà debout, se dirigeant vers l’autre extrémité de la table où était assis Attakus.
— Cette fois, je vais te fermer la gueule à jamais ! cria Wyll.
Rosan l’agrippa et le força à se rasseoir.
— Calme-toi, chéri. Tu ne remarques pas qu’il veut seulement te provoquer ? lui dit-elle avec insistance.
— C’était une menace de mort ! Vous avez tous entendu ! clama Orbanaschol à travers la salle.
Puis il se leva et quitta la pièce.
Zhart adressa encore quelques mots à ses voisins de table :
— L’honorable Attakus Orbanaschol a été si effrayé par la façon dont ce Nordment l’a traité qu’il ne peut plus s’asseoir à la même table.
Gaton essaya de s’excuser, mais Zhart se dirigea vers la sortie de la salle d’un air prétentieux.
Le Porte-parole de la Hanse jeta un regard méchant à Nordment.
— Si tu n’étais pas sous la protection de Perry Rhodan, je t’aurais fait expulser par un sas !
— À nouveau une agréable soirée, dit sarcastiquement Sam. Je crois que je ferais mieux d’aller me coucher, poursuivit-il alors qu’il se levait et quittait la salle.
Wyll baissa la tête.
— Je suis désolé, Rosan.
Rosan secoua la tête.
— Nous devons travailler un peu sur ton tempérament, dit-elle en riant.
Viens, je sais où devons aller maintenant ! ajouta-t-elle et elle prit la main de Wyll.
Les deux se rendirent au pont inférieur. Là où Wyll l’avait emmené il y a juste deux mois et lui avait offert la plus belle soirée de sa vie.
— Je voudrais m’amuser aujourd’hui, comme alors, dit la jeune Rosan.
C’était la soirée européenne de l’orchestre. Ils jouèrent en particulier pour un moment des morceaux irlandais et écossais.
Le jeune Unitair et l’enfant terranien dansaient sur la piste au son de la musique.
Les Étrusiens étaient aussi là et s’enivraient. Le Couinant était à nouveau assis au bar et se balançait de droite à gauche sous l’effet de la bière. Cette fois Rosan garda ses distances.
Elle dansa avec Wyll toute la soirée. Elle ne voulait plus penser à Attakus, Spector ou sa mère. Seulement à elle et Wyll.
La fin approchait. La fin approchait. Le dernier chapitre était commencé.
Le froid et la mort atteignaient le Londres.
20 : 10
La forme rouge s’approchait du bloc de détention du Londres. Prollig montait la garde. Il s’interposa devant l’inconnu.
— Que veux-tu ? demanda-t-il sèchement.
Rodrom l’influença. C’était un jeu d’enfant pour lui. Prollig s’effaça de côté et laissa passer le Rouge.
L’incarnation ouvrit les portes de cellule des Enfants du Soleil. Ils sortirent de leurs cellules, étonnés.
Le gourou de la secte s’approcha de l’être rouge.
— Qui es-tu ? demanda-t-il.
— Ton dieu, fut la réponse.
Rodrom fit agir ses forces psi sur le chef de la secte. Dannos réagit aussitôt, il ne remarqua même pas l’influence.
— Je suis votre chemin vers la Source de Matière. Suis mes ordres et toi et tes jeunes connaîtrez une fin heureuse.
Dannos fit un geste de respect.
— Maître, dis-moi ce que je peux faire, dit l’homme chauve.
Rodrom s’avança à travers la pièce. Entre-temps, tous les Enfants du Soleil avaient été libérés de leurs cellules. Prollig se tenait à l’entrée du bloc comme s’il était en transe et surveillait l’arrivée de personnes indésirables.
Puis Rodrom s’adressa à Dannos.
— Vous êtes trop peu pour votre voyage cosmique. Vous avez besoin de plus d’âmes pour pénétrer dans la Source de Matière. Au moins dix mille âmes, déclara-t-il.
Dannos fixait le sol. Cette remarque le rendait confus. Toutes ses aspirations étaient-elles finalement vaines ? Puis lui vint une idée.
— Maître, il y a suffisamment d’hommes à bord du Londres que nous puissions prendre, proposa-t-il.
Rodrom hocha la tête.
— Mais ça ne serait peut-être pas dans l’intérêt de ces personnes, dit-il en traînant la voix.
Il attendait une réaction de Rodrom et de ses compagnons. Le gourou jeta un regard à ses Enfants du Soleil.
— Ils comprendront une fois dans la Source de Matière. Ils seront alors tous ravis de leur chance et ne regretteront pas leur existence pitoyable dans cet univers, dit l’homme.
Le fanatisme brûlait à nouveau dans les yeux de Dannos.
— Alors, ils ne devront pas pouvoir quitter ce navire, furent les paroles de Rodrom.
— Mais comment pouvons-nous l’empêcher ? Un nouveau piratage ?
— Quelque chose comme ça. Votre mission est de manipuler tous les SERUN. Il y en a environ cinq cents sur ce navire. Rendez-les inutilisables.
Environ cinquante capsules de sauvetage et deux Gazelles seront alors à disposition. S’il vous est possible de les saboter discrètement, alors ce ne sera que meilleur pour votre accomplissement.
Louise Craufordt se mêla alors à la conversation.
— Mais il ne doit rien arriver aux enfants. Ils doivent jouir de leur vie jusqu’à ce qu’ils comprennent d’eux-mêmes que la vie comme entité est plus belle, dit-elle d’un ton aigu.
Rodrom fut irrité de l’intervention de la femme et aussi en colère. Dannos assura toutefois à Louise qu’il n’arriverait rien aux enfants lors d’un nouveau piratage. Il chercha la confirmation auprès de Rodrom.
— Naturellement, rien n’arrivera aux petites choses. Nous laisserons suffisamment de capsules de sauvetage pour que tous les enfants puissent être sauvés. Elles pourront alors rejoindre la Voie lactée tandis que le Londres sera en route avec les autres pour la plus proche Source de Matière, mentit l’entité.
— Qu’il en soit ainsi ! dit Dannos et il joignit les mains.
Il se croyait enfin au bout de son rêve. Les Enfants du Soleil furent envoyés dans les salles avec des SERUN et s’arrangèrent pour les rendre inutilisables.
Mais ils ne travaillaient pas pour les puissances de l’Ordre. Ils n’auraient aussi jamais la possibilité d’arriver à proximité d’une Source de Matière. Ils étaient des pions dans une partie d’échecs.
Dans la partie d’échecs de Rodrom.
L’incarnation se dissolva à nouveau et se rendit sur le Wordon qui n’était qu’à quelques années-lumière du Londres.
Une grande excitation régnait dans la centrale de commandement.
Chacun s’efforçait de mener aussi vite que possible le plan de Rodrom.
Zykkth se présenta à son commandant.
— Maître, la protection anti-détection est parfaite. Le maquillage en astéroïde aussi. Nous n’avons plus qu’à attendre maintenant que le Londres fasse une étape, raconta-t-il.
Rodrom se promena à travers la centrale. Puis il rejoignit son grand fauteuil qui rappelait plutôt un trône et s’assit dedans.
Son regard erra à nouveau à travers l’imposante salle.
— L’étape aura lieu aujourd’hui. Le dernier chapitre du Londres commencera à 23 h 30, temps galactique.
Le Wordon reprit sa route. Rodrom fournit les coordonnées d’un système.
Là devait se produire la confrontation.
Il n’y avait pas grand-chose dans le système. Un grand soleil bleu dispensait la lumière et la chaleur pour quatre planètes. Elles n’étaient habitées que par des cultures primitives. Trois planètes désertiques et une planète aquatique possédant une bonne atmosphère, mais pas de masse terrestre. Uniquement d’infinis océans très profonds.
C’était le but du Wordon. Là devait être arrêté le Londres. Rodrom en voyait maintenant que l’accomplissement de sa vengeance. Il avait déjà perdu une base et ainsi la bataille. Mais la guerre n’était pas encore gagnée.
Même si Rhodan survivait à nouveau, Rodrom se serait fait un nom à partir du sang versé et chacun penserait à lui avec crainte et respect.
21 : 30
Rosan et Wyll se promenaient sur le pont. Ils étaient à bout de souffle à force de faire la fête.
Le Londres s’arrêta à ce moment et les étoiles devinrent visibles. Deux formes bleues attirèrent immédiatement l’attention du couple d’amoureux.
L’une était le soleil du système et l’autre une grande planète aquatique. Elles se trouvaient juste au-dessus du Londres. C’était une vue magnifique.
Les deux s’embrassèrent.
— Wyll, aujourd’hui je veux annoncer à ma famille que je resterai définitivement avec toi. Nous allons dans ma suite et j’écrirai une lettre. Je prendrai aussi mes affaires, dit-elle.
Wyll rit.
— Nous y allons ensemble. Pour autant que ce Zhart ou ses Naats n’accourent pas sur le chemin, dit-il.
Les deux allèrent à l’intérieur du Londres main dans la main vers la suite des Orbanaschol.
21 : 35
— Rudoch, merci de prendre la garde de nuit aujourd’hui, dit James Holling.
Le Plophosien âgé de 175 ans sentait une légère migraine.
— OK, monsieur. Ce sera fait, fit le nouveau premier officier.
Puis quelque chose lui vint à l’esprit.
— La détection ne fonctionne toujours pas. Nous aurions quand même dû accepter l’offre des Saggittoriens. C’est en partie un vol en aveugle. La détection rapprochée est aujourd’hui à nouveau défectueuse. Je propose d’installer un observatoire provisoire au mât pour rechercher avec des télescopes des astéroïdes ou ce qui peut y ressembler, proposa Rudoch.
Holling se massa les tempes. Un vaisseau si gigantesque sans détection rapprochée. C’était une farce. Mais il devait en tirer le meilleur.
— Oui, faites comme cela. Avec des télescopes… c’est sûrement une bonne idée, dit-il légèrement fatigué.
Puis il sortit de la centrale pour regagner sa cabine.
Il voulait maintenant écrire son discours d’adieux. Pour cela, il avait besoin de beaucoup de calme, car il ne faisait pas partie des meilleurs « scribouillards ».
Rudoch ordonna à Maskott et Spechdt d’occuper l’observatoire en premier.
Un télescope de trois mètres de large fut amené à un des hypercapteurs en quinze minutes.
— Une idée complètement débile. Ça ne nous servira à rien, dit Maskott.
— Bêtise, je peux repérer des astéroïdes et des navires étrangers sur des années-lumière, rétorqua le chef de la détection Spechdt.
Rudoch donna l’ordre de commencer à charger. L’horizon se colora de différentes teintes. L’énergie coula dans l’hypercapteur.
Le processus durait environ deux heures. Parfois aussi quatre-vingt-dix minutes.
Rudoch était libre le lendemain. Il pensait déjà à ce qu’il ferait de sa journée.
21 : 45
Rosan et Wyll avaient atteint la cabine. Elle fouilla dans son tiroir et en sortit quelques bijoux précieux qu’elle mit dans ses poches.
— Qui sait, si ça tourne mal, nous pourrons les amener au mont-de-piété, dit-elle en plaisantant.
Elle prit aussi son L’Émir en peluche. Wyll regarda Rosan étonné.
— Je l’ai eu de mon père. J’y tiens beaucoup, expliqua-t-elle.
— Très bien, rit Wyll.
Il jeta un œil dans la pièce et joua avec un ouvre-lettres en or avec lequel il se coupa.
Rosan lui montra où il pouvait se soigner.
Elle écrivit ensuite une lettre d’adieux, fermement décidée à passer le reste du voyage avec Wyll puis d’aller avec lui sur Camelot.
À ce moment, Zhart entra dans la cabine.
Il regarda Wyll et Rosan avec mépris. Il avait vite dissimulé sa surprise.
— Honorable Rosan Orbanaschol. Attakus désire te parler immédiatement.
Je suis chargé de l’amener à lui sur-le-champ, déclara-t-il avec son arrogance habituelle.
— Elle ne va nulle part ! cracha Wyll au maître d’hôtel.
Lequel jeta un regard méprisant à Nordment.
— Je répète seulement à contrecœur, mais Attakus désire te parler. Sans ton compagnon barbare. Celui-ci ferait mieux de quitter la cabine, sinon j’appelle le service de sécurité pour intrusion.
— Moi aussi, nous y allons tous les deux, dit Rosan et elle partit en courant.
Zhart ne fut pas le seul surpris par cette réaction. Wyll mit aussi quelques secondes avant de réagir. Puis il jeta un coussin en direction de Zhart et partit aussi en courant. Ils se précipitèrent hors de la cabine et coururent le long d’un couloir. Zhart les suivit à travers les corridors.
Les amoureux passèrent devant des passagers ahuris et leur crièrent leurs excuses. Ils se cachèrent dans une pièce.
Mais Zhart les y découvrit. La « chasse » se poursuivit.
— Il est terriblement obstiné, cria Wyll.
— Pas étonnant, il était avant dans le GPÀ et les services de sécurités de l’Empire de Cristal ? répondit Rosan.
Ils trouvèrent un couloir avec un ascenseur et un puits antigrav.
— Nous prenons l’ascenseur, dit rapidement Wyll.
Ils refermèrent vite la grille avant que Zhart ne les atteigne. Il essaya d’ouvrir la grille, mais l’ascenseur démarrait déjà. Rosan lui montra son majeur avant qu’il ne disparaisse à sa vue.
Elle ne s’était encore jamais sentie aussi bien. Elle était enfin libre. Ils coururent vers les entrepôts à travers la salle des machines. Les machinistes se plaignirent et essayèrent en vain de les retenir.
L’entrepôt était grand. De là on parvenait au hangar où se trouvaient les deux Gazelles.
Rosan s’assit dans la Gazelle. Wyll alla dans la petite centrale et joua au commandant.
— Où doit-on aller ? demanda-t-il.
— Sur une planète solitaire merveilleuse où nous ne serons que deux, dit Rosan.
Puis elle l’enlaça. Les deux s’installèrent sur une banquette dans la centrale.
— Wyll, touche-moi, souffla-t-elle.
Wyll ne se le fit pas dire deux fois. Il l’embrassa avec passion et commença à ouvrir sa combinaison. Les deux plongèrent dans leur amour passionné.
Ils gémirent, s’enlacèrent fermement et s’embrassèrent avec ferveur.
À ce moment ils étaient seuls sur une planète qui n’était que pour eux. Ce monde était limité aux Gazelles, mais pour le moment, cela ne les préoccupait pas. En ce moment n’existait que leur amour.
23 : 10
— Je n’ai pas encore pu les trouver, expliqua Zhart mécontent.
Attakus avait une impression résignée. Il traversa la cabine en colère et frappa du poing contre le mur.
— Maudits ! cria-t-il.
— Je crains que ce soit fini pour toujours, dit Hermon de Zhart.
Attakus vit l’ouvre-lettres où collait encore un peu de sang.
— Quel sang est-ce ? voulut-il savoir.
Zhart prit un analyseur dans sa chambre à côté. Le test indiqua que le sang venait de Wyll Nordment.
Attakus commença à rire. Zhart ne pouvait le suivre. Il regarda son maître d’un air interrogateur.
— Maintenant nous avons une preuve de l’attentat de Wyll Nordment contre moi.
Chapitre 3 – La collision.
23 : 27
Les propulseurs métagrav étaient à nouveau pleins. Le Londres reprit lentement sa route et se prépara au saut dans l’hyperespace.
Rudoch était assis avec trois autres membres d’équipage sur la passerelle.
Il buvait un café et observait les étoiles. Ils étaient juste sur l’orbite de la planète aquatique bleue.
— Encore combien de temps avant le saut hyperspatial ? voulut-il savoir.
— Cinq minutes environ, fit un des navigateurs.
Le télescope et l’observatoire étaient fixés sur l’hypercapteur. Les deux s’ennuyaient terriblement.
— Nous aurions dû emmener quelque chose pour jouer, dit Maskott, las.
Au-dessous, ils regardaient Rosan et Wyll qui couraient sur le pont en s’amusant et en s’embrassant.
— Ah, si c’était la seule occupation pour nous, je préférerais encore m’ennuyer, dit Spechdt sur un ton sarcastique.
Maskott lui jeta un regard mauvais. Spechdt ne répondit cependant pas au regard, mais regarda l’espace. Il vit quelque chose de vague arriver sur le Londres.
Cela se rapprochait de plus en plus.
— Oh mon Dieu, un astéroïde ! cria-t-il.
Il appela aussitôt la centrale de commandement.
Un des officiers ne répondit qu’après le quatrième appel.
— Centrale de commandement, s’annonça-t-il.
— Ici Spechdt, un astéroïde droit devant. Il se dirige directement sur nous !
Fais quelque chose ! Arrête les machines ! cria le chef de la détection.
L’officier courut auprès de Rudoch et l’avertit.
L’astéroïde était entre-temps devenu visible à l’œil nu.
Il courut vers la centrale.
— Salle des machines, arrêtez immédiatement et poussée arrière.
Navigateur, à bâbord toute. Puis tournez à gauche, allez !
Les machines s’arrêtèrent immédiatement. Moindrew réagit vite et activa la poussée arrière. Le Londres tournait légèrement sur la gauche et passait déjà l’astéroïde gigantesque.
— Allez, allez ! adressa Rudoch au navire.
L’astéroïde avait une longueur de quelques kilomètres. Mais il n’était pas rond, plutôt en forme de piquet.
Le Londres manœuvrait lentement devant lui.
— Activez l’écran paratronique, dit Rudoch à voix basse et bien trop tard.
En tremblant, l’officier de garde activa l’écran protecteur.
L’astéroïde s’illumina soudain. Des lumières flamboyèrent et des tourelles de tir devinrent visibles. Rudoch n’en croyait pas ses yeux.
— Oh, mon Dieu… ce n’est pas un astéroïde.
Les canons flamboyèrent et des salves touchèrent l’écran protecteur du Londres. Le navire trembla à partir des points d’impacts du vaisseau étranger.
— Monsieur, l’écran protecteur commence à s’effondrer ! cria quelqu’un.
L’écran protecteur vacilla et s’effondra dans la section inférieure. Puis une gigantesque détonation. Des éclairs et des énergies jaillirent des flancs du Londres.
— Touchés. Nous sommes touchés, cria un jeune officier.
— Stabilisez l’écran protecteur. Et vite.
L’astéroïde démarra et disparut. Ne restait qu’un Londres endommagé. Il ne tremblait plus maintenant.
Rudoch en frémissait. Tout s’était passé trop vite. Peut-être cinq minutes, pas plus.
— État des dommages, demanda-t-il.
L’autre officier ne réagissait pas encore.
— État des dommages ! cria-t-il encore.
Holling avait entre-temps atteint la centrale de commandement.
— Que s’est-il passé ? voulut-il immédiatement savoir de Rudoch.
Il était accompagné par Moindrew et Gaton.
— Monsieur, je ne sais pas exactement. Un astéroïde est apparu, mais ça n’en était pas un. Il nous a tiré dessus, raconta Rudoch en bégayant.
— Vérifiez le navire, ordonna Holling.
Alex Moindrew se mit immédiatement au travail. Il devint blême en voyant le résultat.
— Nous avons une brèche.
L’hologramme du Londres fut projeté. Moindrew montra les sections endommagées.
— Le Londres a été déchiré de la section inférieure, où se trouvent les entrepôts, jusqu’aux blocs-propulsion. Les écrans de protection de secours ont empêché la perte d’oxygène, déclara-t-il.
Gaton semblait impatient.
— Quand pourrons-nous repartir ? voulut-il savoir.
Moindrew le regarda sans comprendre.
— Le Londres est incapable de manœuvrer. Nous ne pourrons plus repartir.
Le choc était profond.
Mais Moindrew n’en avait pas fini avec son rapport.
— Il y a pire. Nous sommes en orbite de la planète aquatique. Elle nous attire. Cela signifie que le Londres va s’écraser et se fracasser à la surface.
— Combien de temps encore ? demanda Holling à voix basse.
— Peut-être vingt minutes.
— Ça ne suffira pas pour évacuer les passagers, fit Holling, résigné.
— Informe Rhodan, il peut certainement nous aider ! dit précipitamment Gaton.
Perry Rhodan fut aussitôt informé et se hâta avec Sam vers la station de commandement.
— C’est mauvais à quel point ? voulut savoir Rhodan.
Moindrew informa le Camelotien de la gravité des dommages. Rhodan les regarda tous un moment.
— Je ne suis pas ingénieur, aussi ne vous attendez à aucun miracle. J’ai besoin de l’aide de tous les volontaires, dit-il. Mais j’ai une idée. Il nous reste peut-être encore 15 minutes avant que le Londres n’atteigne l’atmosphère.
Nous devons utiliser ces minutes pour avertir les passagers. Ils doivent se mettre quelque part où ils seront protégés des chocs. Ils doivent attacher leurs ceintures et ne pas courir à travers le navire. Nous devons remettre en marche les propulseurs antigrav pour pouvoir ralentir. Avant tout, l’écran protecteur doit être activé durant l’impact.
Moindrew hocha la tête.
— Ce sera fait. Ce sera juste, mais pas impossible, dit-il.
— Bien, faites honneur à un Bert Hefrich ! répondit Rhodan.
Moindrew voulut demander qui était Bert Hefrich, mais le temps était trop juste. Il se mit immédiatement au travail et essaya de remplacer ou court-circuiter les conduites d’énergie détruites.
L’ordonnance s’occupait pendant ce temps des passagers. Sam aidait aussi à calmer les invités.
Rosan et Wyll s’adressèrent au Somien.
— Que s’est-il passé ? voulurent-ils tous deux savoir.
— Le Londres a été touché et s’écrase. Recherchez un endroit sûr et espérez que nous ayons de la chance, dit le Somien.
Le Somien retourna auprès de Rhodan qui essayait de tout coordonner.
— Un astéroïde en forme de piquet qui est en réalité un navire, murmura Sam.
— Le Wordon. C’était la vengeance de Rodrom, fit amèrement Rhodan.
Le Londres commença à vibrer et sa chute s’accéléra.
— Moindrew, nous n’avons plus beaucoup de temps, appela Rhodan dans l’intercom.
Il ne reçut aucune réponse.
Beaucoup de passagers ne le prenaient pas au sérieux. D’autres criaient, pris de panique. L’équipage avait le plus grand mal à tous les loger.
— Holling, nous pourrions peut-être freiner le Londres à l’aide des rayons tracteurs des Gazelles, demanda Rhodan.
Le vieil homme secoua la tête.
— Essaie d’empêcher la chute d’une tonne avec une ficelle, répondit-il à la question de Perry.
Rhodan jura. Il regarda l’heure. Il était 23 h 58.
— Encore cinq minutes environ avant le choc. Au moins, c’est une planète aquatique, murmura-t-il aux autres.
— Le Londres peut flotter sur l’eau. Il est construit de manière à être amphibie, dit le Somien Sam qui se tenait aussi fermement.
— Altitude quatre mille mètres, entendit-on dire une voix.
Rhodan ordonna à Moindrew d’activer les antigravs et l’écran protecteur à 1.000 mètres.
— Trois mille mètres, deux mille mètres… mille mètres.
Les antigravs amortirent un peu la chute. Le Londres tombait vers la surface à vitesse réduite, la proue en avant. L’écran protecteur atténua aussi un peu puis il finit par s’éteindre. Le Londres fonça à quelques mètres au-dessus de l’eau à vitesse élevée puis sa poupe retomba. Le dôme de verre se brisa en mille morceaux puis le navire se calma lentement et reposa tranquillement sur la mer.
Le calme régna un moment. C’était la pleine nuit sur la planète. Le soleil n’était pas visible et les ténèbres enveloppaient le Londres.
Les gens dans la centrale de commandement avaient voltigé à travers la pièce. Des médorobots se chargèrent aussitôt de les soigner.
Des robots nettoyeurs essayaient de réparer les dommages internes de façon grotesque.
— Encore quelqu’un en vie ? jeta Rhodan en toussant.
— Je crois bien, entendit-il dire la voix de Sam.
Les autres avaient aussi survécu au choc. Rudoch contrôla les dégâts du Londres.
— Le dôme de verre est brisé, quelques dommages sur la coque extérieure.
L’eau s’engouffre par une brèche. Le scanner indique au moins quarante morts.
Rhodan se releva et jeta lui-même un regard sur les contrôles. Moindre avait entre-temps atteint la centrale de commandement.
— Nous l’avons fait ! dit-il joyeusement.
— Mieux qu’un Bert Hefrich aurait pu faire, avoua Rhodan.
Puis il redevint sérieux.
— Le Londres se maintiendra-t-il en surface ? voulut-il savoir.
Moindrew fit quelques tests sur des hologrammes.
— La grande fuite est maîtrisée par les écrans de secours. Tant qu’ils tiennent, le Londres flottera.
— Nous n’avons pas de vantail de secours ?
— Si, mais ils ne résisteront pas à la pression de l’eau, expliqua le constructeur du Londres.
— OK, fais rassembler les passagers. Ils doivent être prévenus et préparés à une évacuation nécessaire. Holling, les chaloupes de sauvetage doivent être préparées.
Quelque chose vint à l’esprit de Rhodan. Quand Dannos avait voulu déposer les passagers du Londres avec les capsules il y en avait eu trop peu.
— Holling, combien en avons-nous alors ? voulut savoir Rhodan.
— Cinquante unités, soit pour cinq mille passagers. Plus cinq cents SERUN. Nous pourrons encore mettre au moins deux cents personnes dans les Gazelles. Nous avons de la place pour au maximum six mille passagers.
— Et combien en avons-nous à bord ?
— 15.022 âmes, répondit Rudoch.
Rhodan déglutit.
— Espérons alors que les écrans tiennent.
J’avais bien dit qu’il n’existait aucune fuite possible. Le Wordon a frappé sans pitié. Déjà cent d’entre vous sont morts, mais ceux-ci ont eu la mort la plus agréable. Ce qui vous attend maintenant est une fin lente.
Préparez-vous à cela.
00 : 55
Une heure après le choc la situation à bord s’était un peu calmée. Les passagers étaient soit dans leurs cabines, soit dans les restaurants. Gaton ordonna aux orchestres de jouer de la musique légère et aux barmen de faire beaucoup de plaisanteries pour calmer les hommes.
Sam discutait avec quelques personnes et avait un effet apaisant sur tous.
L’équipage travaillait avec à plein régime. On avait essayé de réparer les dommages internes et un SOS avait été émis.
— Nous sommes à environ 15 millions d’années-lumière du Groupe Local.
C’est sans espoir, dit le chef radio Sparks.
Mais il répétait le SOS encore et encore. Les médorobots soignaient les blessés et découvrirent en tout soixante-dix-huit morts.
D’autres droïdes nettoyaient le navire et rétablissaient les installations internes. Les mille morceaux de verre, dont plusieurs atteignaient quatre mètres de long comme de large, furent aussi enlevés du pont.
Rudoch et deux autres officiers avaient entre-temps examiné les capsules de sauvetage. Rudoch fut hors de lui quand il dut admettre que toutes les capsules avaient été sabotées. Comme les Gazelles. Tous les croiseurs avaient été rendus inaptes au vol. Il en était de même pour les SERUN.
Rudoch l’annonça à Rhodan, Holling, Gaton et Moindrew.
— Du sabotage ! Mais qui a pu faire quelque chose d’aussi horrible ? voulut savoir Arno Gaton.
Rhodan craignait le pire.
— Vérifiez, s’il vous plait, si Dannos et ses Enfants du Soleil sont encore dans leurs cellules.
Le conseil de Rhodan fut aussitôt mis en application. Mais on les retrouva dans leurs cellules. Rhodan en fut très surpris. Maintenant, il ne savait pas qui était responsable.
Rhodan s’assit brièvement dans le fauteuil de commandement. Holling ne dit rien. Ce n’était pas le moment de discuter de l’endroit où s’asseoir et des compétences.
Rhodan regarda son chronomètre et vit les secondes s’écouler. Il ne restait rien d’autre à faire qu’attendre. Le Londres ne pourrait plus jamais repartir.
Moindrew devait rendre une des Gazelles à nouveau opérationnelle. La Gazelle pourrait obtenir de l’aide – obtenir de l’aide à temps.
Une petite secousse traversa le navire et fit sursauter Rhodan. Il regarda Holling et les autres, mais eux non plus ne savaient pas ce qui s’était passé.
Une minute plus tard environ Moindrew fit irruption dans la centrale.
Il était livide.
— Une foutue conduite d’énergie a explosé. L’écran s’effondre. Inondation ! dit-il sur un ton désespéré.
— Qu’est-ce que cela veut dire ? voulut savoir Gaton.
— Le Londres va couler.
— Mais c’est absurde. Le Londres est un astronef, et du meilleur arkonite.
Il ne peut pas couler. Ça ne se peut pas.
Moindrew s’était repris.
— Messieurs, dans trois à quatre heures le Londres aura couler avec la poupe en avant jusqu’au fond de la mer de cette planète. Rien ne pourra l’arrêter. Dès maintenant commence la fin du Londres !
Chapitre 4 – La fin du Londres.
Rhodan réfléchit un moment. Le cauchemar devenait réel. Il maudit Rodrom, car c’était son œuvre. Il était sans aucun doute responsable du sabotage des capsules de sauvetage. Mais pas de la quantité manquante de capsules. Cela revenait seul à Arno Gaton. Rhodan était certain que de nombreux hommes allaient mourir.
Il était aussi certain qu’une haute puissance obscure était à nouveau le déclencheur d’une absurdité. Mais sans l’avidité de l’homme d’affaires terranien la vengeance de Rodrom n’aurait pas été aussi cruelle.
— Les capsules et les Gazelles pourraient-elles flotter sur l’eau ? voulut savoir Perry.
Moindrew répondit par l’affirmative.
— Nous pourrions au moins sauver cinq mille hommes, fit Rhodan.
Arno Gaton avait entre-temps quitté la centrale de commandement. Il savait parfaitement qu’avec le nombre exact de capsules de sauvetage la catastrophe n’aurait pas été aussi importante.
Dix mille âmes vont mourir, la pensée traversa la tête de Rhodan. Cette fois il était aussi impuissant. Que pouvait-il faire contre la catastrophe ?
— Sparks, envoyez d’autres hypermessages. Essayez avant tout d’obtenir de l’aide ! commanda Rhodan. Holling, toi et les autres devez commencer l’évacuation. Immédiatement.
Le commandant semblait brisé.
— Maintenant, j’ai mon épave, dit-il d’un air pensif.
Rhodan ne savait pas ce qu’il voulait dire par là.
Le capitaine se mit en route pour l’extérieur. Les sirènes furent activées et les hommes et femmes de l’équipage commencèrent à préparer les capsules de sauvetage pour qu’elles flottent. Elles furent mises à l’eau avec les antigravs.
Les passagers furent informés par les membres d’équipage de s’habiller chaudement.
Rhodan demanda des informations sur la planète. La température était à 12 °C pour le moment. La température de l’eau était cependant à 10 °C.
L’océan était profond de plus de dix kilomètres. Rhodan avait eu l’espoir que le Londres serait trop grand. Mais même ses trois kilomètres de long n’étaient pas suffisants.
Sam rejoignit alors Perry Rhodan.
— Que s’est-il passé, Perry ? demanda-t-il.
Rhodan décrivit la situation.
— Alors, il y aura des moules au petit déjeuner, dit sarcastiquement Sam.
Le Somien redevint aussitôt sérieux.
— Nous devons d’abord sauver les femmes et les enfants. L’altruisme est maintenant important. Nous devons aussi éviter une panique, expliqua-t-il.
— L’histoire se répète, dit Perry Rhodan.
— Que veux-tu dire ?
— Il y a déjà eu dans l’histoire terranienne une grande catastrophe maritime. Le navire s’appelait Titanic. Sept cents passagers sur deux mille cent purent alors être sauvés. La fin du Londres sera encore pire.
Rosan et Wyll se hâtèrent vers la cabine des Orbanaschol. Rosan voulait absolument prévenir sa famille. Même s’ils ne comptaient plus pour elle, elle ne voulait pas leur mort. Le couple entra dans la suite main dans la main.
Attakus et les autres les fixèrent. Prollig, le chef de la sécurité, était aussi dans la cabine, tout comme un officier du navire qui essayait d’amener les Orbanaschol sur le pont. Attakus portait un bandeau au bras.
— Qui voilà ? Le coupable revient sur les lieux du crime, dit Attakus.
Wyll le regarda incrédule.
Prollig lui mit des menottes énergétiques.
— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda Wyll avec rage.
— Je suis désolé, petit. Tu as essayé d’abattre Attakus Orbanaschol. Nous avons une arme avec tes empreintes digitales. Ton sang est aussi collé sur un ouvre-lettres qu’Attakus a pris pour se défendre. Cette fois tu es allé trop loin, expliqua l’officier de sécurité.
— C’est un mensonge ! cria-t-il.
— Attakus, mère… nous avons autre chose à faire. Quelque chose de terrible s’est passé. Le Londres va couler. L’eau est entrée par la brèche. Il coule ! cria Rosan à sa famille.
— Le Londres est construit avec un acier de chez nous, il ne coulera pas. Le navire est construit pour des riches, ça ne nous arrivera pas. Que vais-je faire de mes nouvelles affaires, maintenant ? J’ai acheté de si beaux manteaux. Nous devons les prendre, dit Thorina.
Rosan s’approcha de sa mère et la prit par les épaules, puis elle la secoua.
— Mère, réveille-toi enfin. Il n’y a des capsules de sauvetage que pour un tiers des passagers.
— Une raison de plus pour que nous nous rendions aux capsules, dit Attakus.
Il prit Rosan par le bras.
— S’il te plaît, réserve une place pour moi et ma fiancée, fit Attakus au membre d’équipage.
Lequel sortit de la cabine en secouant la tête.
Prollig emmena Wyll qui criait encore le nom de Rosan. Zhart accompagnait Prollig pour s’assurer que Wyll disparaissait bien du paysage.
Les Orbanaschol sortirent de la cabine vers le corridor.
— Servante, monte le chauffage pour qu’il ne fasse pas trop froid quand nous reviendrons, dit Thorina.
Sur le chemin, ils rencontrèrent le délégué topside Terek Orn et le patriarche franc-passeur Koliput.
— Quel numéro de capsule avons-nous ? demanda le Franc-Passeur.
L’officier secoua la tête.
— Je suis désolé, seuls les femmes et les enfants peuvent être évacués.
Les deux restèrent comme figés et se regardèrent.
Le Topside se prit le menton.
— Aujourd’hui est un beau jour pour mourir. Ordonnance, amène-nous une bouteille de vurguzz, nous voulons au moins nous retirer comme des gentlemen ! dit-il.
Les deux s’assirent au foyer et attendirent la fin. Les autres passagers se pressaient lentement sur le pont. Plusieurs ne croyaient toujours pas que le Londres pouvait couler. Cela ne s’était encore jamais produit. Un astronef ne disparaît pas sous l’eau.
Rainer Trieber fut emmené depuis sa cabine. Il portait encore son peignoir de bain. Il ne s’habilla qu’après les exhortations répétées des membres d’équipage.
Perry Rhodan avait entre-temps ordonné d’assembler le maximum de gilets de sauvetage possibles. Les droïdes et robots consacraient toutes leurs forces à confectionner les vestes peut-être salvatrices.
01 : 20
Les capsules de sauvetage avaient été transformées. Pour emmener à bord les passagers au plus vite on avait démonté les coupoles de verre. Les femmes et les enfants ne devaient ainsi pas se presser à travers une porte, mais monter dans la capsule par le dessus. Sparks et Rudoch étaient chargés de la surveillance de la répartition et de l’équipement des chaloupes.
Les sirènes hurlaient toujours.
Les premiers passagers atteignirent le pont et s’approchèrent des chaloupes. Holling avait donné l’ordre catégorique de n’emmener à bord des capsules que les femmes et les enfants. Rhodan et Sam surveillaient les évènements. Il leur sembla que seuls les passagers de haut rang étaient sur le pont.
Il s’approcha de Sparks.
— Où sont les autres passagers ? voulut-il savoir.
— Ils attendent encore au-dessous. Les ordres du commandant, nous avons considéré qu’il valait mieux…
—… sauver les riches. C’est hors de question. Arrange-toi pour que tous les passagers aient la même chance ! cria Perry Rhodan à l’officier tremblant.
Ce dernier partit en courant et fit exécuter les ordres de Rhodan.
Rudoch leva les bras et signala que les premières femmes et les premiers enfants pouvaient monter dans les capsules.
— Les femmes et les enfants, avancez, appela-t-il d’une voix puissante.
Les premiers passagers montèrent dans les capsules. On avait provisoirement mis quelques rames sur les côtés. Le sabotage avait désactivé presque tous les circuits énergétiques de la capsule.
La chaloupe fut remplie avec juste 80 passagers et fut mise à l’eau avec l’antigrav assez précipitamment.
Rhodan ne remarqua pas cette négligence, cherchant d’autres possibilités de sauvetage. Il proposa de construire des radeaux à partir des meubles pouvant flotter. Quelques hommes se mirent immédiatement au travail.
Rudoch faisait entre-temps son rapport à Holling.
— Les capsules de sauvetage 1 et 2 sont à l’eau.
Le vieux Plophosien ne sembla pas l’entendre. Il fixait l’eau. Puis il regarda son premier officier, incrédule.
— Ah, deux chaloupes à l’eau. Bien, bien, murmura-t-il.
Rudoch n’ajouta rien, il s’occupa plutôt des autres capsules.
Il avait une gigantesque angoisse. Le Terranien ne voulait pas mourir. Il envisageait de peut-être sauter sur une des chaloupes. Mais seulement sur la dernière. Il voulait encore faire de son mieux pour sauver les hommes.
Le Londres s’inclinait légèrement en avant. Le gros tube à l’avant était déjà sous l’eau. Mais il faudrait encore un moment avant que la partie des passagers ne soit touchée.
Sam ordonna aux orchestres et à la syntronique de bord de jouer de la musique classique. Rhodan regarda le Somien, ahuri.
— Ils avaient fait de même à l’époque, dit Sam, en référence à la fin d’un paquebot de luxe terranien.
— Oui, mais ça ne lui a servi à rien, dit amèrement Rhodan.
Wyll fut emmené dans le bloc de détention. Prollig l’enferma. Dannos et ses Enfants du Soleil, par contre, furent libérés. Le gros officier de sécurité était, comme Dannos, toujours sous l’influence de l’incarnation du Chaotarque.
Wyll regarda, irrité, les Enfants du Soleil se retirer. Ils jubilaient et faisaient la fête. Dannos dit qu’ils avaient maintenant atteint leur but.
— Prollig, libère-moi. Tu ne peux pas me laisser moisir aussi, le conjura Wyll.
Mais l’officier ne l’entendait plus. Il quitta simplement la pièce.
Seul Zhart resta auprès de lui.
— Et bien, on dirait que c’est la fin cette fois, dit l’Arkonide ravi.
Une tasse sur la table bascula par terre.
— Il est temps que je fasse mes adieux.
Plein d’arrogance, Zhart s’approcha lentement de Nordment. Puis il frappa le jeune Terranien dans les côtes avec toutes ses forces. Wyll s’effondra en haletant alors que Zhart était tout à fait réjoui de son action. Il sourit largement. Puis il quitta la pièce sans un mot et laissa seul Wyll, désespéré.
01 : 40
Les dix premières capsules de sauvetage avaient été mises à l’eau. Entretemps une légère panique s’était emparée des passagers. Les familles ne voulaient pas être séparées. De nombreuses femmes et enfants étaient repoussés par des gens plus forts qu’eux.
L’orchestre jouait des chansons animées, comme Orphée aux Enfers, la polka Tric-Trac et des chansons populaires ophaliennes.
Un Mirsalien avait une grande chance. Bien qu’il eut déjà 120 ans, il était considéré comme un enfant grâce à sa taille. Il fut embarqué dans la chaloupe de sauvetage Numéro 12. Les Orbanaschol s’approchaient aussi lentement de la capsule.
Attakus essaya de corrompre l’officier, mais celui-ci faisait partie des gens consciencieux.
Spector regarda autour de lui à la recherche d’autres possibilités. Il intercepta Rudoch.
— Écoute, je te donne 20 millions de galax en liquide si tu m’assures trois places sur une chaloupe pour moi, mon neveu et le maître d’hôtel.
Il enfonça une grosse masse d’argent dans sa main.
Le premier officier se laissa persuader par la somme.
— Tenez-vous sur le côté gauche du navire je serai là et je pourrai vous faire passer, déclara-t-il.
Entre-temps, Rosan et Thorina s’étaient mis dans la file. Rosan cherchait Wyll du regard. Elle vit Zhart rejoindre Attakus. Elle s’approcha aussitôt des deux et entendit quand le maître d’hôtel racontait à son cousin que c’était réglé avec Nordment.
— Qu’avez-vous fait de lui ? voulut-elle savoir.
— Il doit bientôt prendre un bain de pieds, dit Attakus amusé.
— Et maintenant, va dans ta capsule de sauvetage, ordonna-t-il à sa fiancée.
Thorina se trouvait déjà à l’intérieur.
— Ma fille, viens enfin, cria-t-elle.
Attakus la regarda, l’invitant, mais Rosan secoua la tête.
— Non, je ne peux pas, dit-elle et elle voulut s’enfuir.
Mais Attakus la saisit par le bras.
— Où veux-tu aller ? Auprès de lui ? lui cria-t-il.
— Oui, auprès de lui. Je veux rester auprès de lui pour toujours.
— Tu veux devenir la putain de ce rat d’égout ? cria l’Arkonide confus.
— Plutôt la putain d’un rat d’égout terranien que ta femme, hurla Rosan, et elle frappa Attakus au visage avec sa main.
Il la relâcha. Elle en profita aussitôt et partit en courant. Attakus fit un signe à Zhart, il devait la garder à l’œil.
Attakus ne voulait pas abandonner sa possession. Il était arkonide. Wyll Nordment était un barbare. Il n’avait pas le droit de prendre quoi que ce soit à un aristocrate. Rosan avait pour Attakus la valeur d’un jouet. Il l’aimait aussi d’une certaine façon, ou mieux dit, il tenait à elle.
La chaloupe avec sa tante fut mise à l’eau. Elle glissa lentement vers le bas jusqu’à atteindre l’eau. Les gens sur le canot commencèrent à ramer pour s’éloigner du Londres. Quelques hommes sautèrent dans l’eau et essayèrent d’accéder à la capsule.
Quelques-uns hurlèrent dans l’eau et disparurent.
Rhodan regarda les eaux avec méfiance. Il appela un des membres d’équipage pour qu’il dirige un projecteur sur la surface.
— Quelque chose nage sous l’eau, fit Sam.
— Des requins ou quelque chose comme ça, dit Perry.
À ce moment, une des créatures aquatiques jaillit hors de l’eau. Elle faisait de six à sept mètres de long et trois de large. La créature, couverte d’écailles bleues, sauta sur un des hommes dans l’eau et l’avala simplement.
La gueule de cette créature avait une largeur de plus d’un mètre.
— Oh mon Dieu. Les canots doivent faire attention, cria Rhodan.
La panique éclata sur une des capsules de sauvetage quand un des hommes essaya de monter sur le canot. Thorina frappa l’homme avec une rame. L’animal marin fut aussitôt attiré. Il se rua sur l’homme et le mordit. Il le déchira en deux. La partie supérieure de l’homme se tenait encore au canot. Les femmes n’osaient pas rejeter les restes. Les enfants commencèrent à crier.
Thorina alla à l’autre bout du canot et donna un coup de pied à l’homme.
Mais des secondes plus tard l’animal percuta la capsule en essayant de manger le reste de l’homme. La capsule ne chavira certes pas, mais quelques passagers tombèrent à l’eau, dont Thorina. Quatre autres requins apparurent aussitôt et se jetèrent sur leurs proies.
L’Orbanaschol âgée hurla très fort. Puis on n’entendit plus qu’un gargouillement et un râle avant qu’elle ne se taise pour toujours.
Rhodan réagit vite.
— Nous devons jeter de la viande et toute la nourriture dans l’eau. Les bêtes doivent être rassasiés avant qu’ils ne se jettent sur nous, proposa-t-il.
Lui et Sam se mirent en route avec les autres pour les cambuses et les cuisines et prirent autant de viande qu’ils pouvaient. Ils la jetèrent dans la mer. Les requins se jetèrent dessus.
— Espérons que ton plan marche, dit Sam.
Rhodan secoua la tête.
— C’est plutôt désespéré. Les hommes et les femmes ne pourront pas tenir dans l’eau durant des jours. Mais jusqu’à ce que de l’aide arrive, s’il elle arrive vraiment, des jours peuvent s’écouler. Si ces bêtes nous attaquent encore nous n’aurons aucune chance.
Alex Moindrew rencontra Rosan sur le chemin du pont.
— Rosan, que fais-tu encore là ? Le Londres va couler dans les prochaines heures. Il n’y a pas assez de capsules de sauvetages. Tu dois te sauver, lui dit-il.
— Où garde-t-on les criminels ? voulut savoir Rosan.
Moindrew se montra irrité.
— S’il te plaît, c’est important.
Moindrew lui expliqua le chemin vers le bloc de détention. Rosan le remercia brièvement et courut vers la partie inférieure du navire.
Moindrew se rendit à l’extérieur. Il suivit l’évacuation.
En colère, il s’approcha de Sparks.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? Les capsules n’ont pas encore été remplies à moitié, dit-il.
Sparks était aussi à bout de nerfs. Il était complètement débordé dans cette situation. Il secoua la tête.
— Nous… nous ne savons pas si les capsules tiendront, s’excusa-t-il.
— Les capsules sont faites en acier solide qui ne va certainement pas se briser avec cent hommes. Même pas avec cent Halutiens. Bon Dieu, récupère les capsules et remplit les complètement. Toute vie qui peut être sauvé le vaut !
L’officier hocha rapidement la tête et ordonna de faire rentrer encore plus de passagers dans les capsules. Il rappela les autres capsules, mais personne ne l’écouta.
Sparks courut auprès de Holling avec Moindrew.
— Monsieur, nous devons rappeler les chaloupes pour embarquer plus de passagers. Ils ne m’écoutent pas, mais en tant que capitaine, tu as plus d’autorité, expliqua-t-il au commandant.
Le Plophosien avait une impression de plus en plus confuse.
— Oui… oui, si tu le dis, fit-il lentement et il regarda autour de lui.
Il prit un mégaphone et alla sur le pont.
— Attention, attention. Ici le commandant. Les capsules qui ne sont pas complètement chargées doivent immédiatement revenir pour prendre plus de personnes. C’est un ordre ! Revenez ! fit-il dans l’amplificateur de voix.
Mais les gens ne réagirent pas. Ils avaient peur que le Londres puisse soudain couler ou que trop de gens montent à bord.
Aucune des capsules de sauvetage ne fit demi-tour. Holling répéta plusieurs fois son ordre avant de désactiver le mégaphone, résigné.
Rosan errait par les couloirs vides. L’eau remplissait lentement les pièces.
Elle n’arrivait qu’aux chevilles pour l’instant. Mais plus la jeune Orbanaschol s’enfonçait dans le navire, plus haut elle était.
— Wyll ! appela-t-elle.
Mais aucune réponse. Elle cria régulièrement son nom, de plus en plus fort. Un Bleu, qui était steward sur le Londres, courut vers elle.
— Aide-moi, où est le bloc de détention ?
— Par toutes les créatures de l’Enfer, je dois y aller… y aller, aller, aller ! cria le Gatasien agité.
Il ne fit plus attention à Rosan et tituba à travers le passage.
Rosan descendit un escalier sur lequel était écrit « bloc de détention ».
L’eau lui arrivait maintenant aux hanches. Elle était plutôt fraîche, mais pas glacée. Elle cria un peu avant que son corps ne se soit habitué à la température.
Sur le chemin, elle rencontra un Maahk qui se déplaçait tranquillement dans l’eau.
— As-tu vu un jeune Terranien par ici ? demanda-t-elle désespérée.
— J’ai vu plusieurs jeunes Terraniens sur ce navire. Affine ta description, je te prie, répondit froidement l’Andromédan.
Rosan roula les yeux.
— S’il te plait, aide-moi à la chercher. Il est prisonnier ici quelque part, je dois le sauver.
Le Maahk fit un geste de refus.
— Illogique. Les hommes ne peuvent de toute façon pas monter sur les capsules de sauvetage, ils mourront donc obligatoirement. Plus tôt ou plus tard, ne joue aucun rôle.
— Trou du cul ! lui répondit l’Arkonide de rage et elle partit.
Le Maahk la regarda partir, incompréhensif.
Elle descendit le couloir en courant et continua à appeler son amant. La lumière sauta pour un bref moment. Effrayée, Rosan s’arrêta et entendit les murs et les portes craquer.
Elle répéta le nom de Wyll. Cette fois, elle entendit un faible :
— Rosan, je suis ici.
Elle courut dans la direction où elle croyait l’avoir entendu. L’appel devint plus fort et plus haut. Elle courut dans une pièce où Wyll était enchaîné à une porte de cellule avec des menottes énergétiques.
— Rosan, pourquoi es-tu ici ? demanda Wyll.
— Pour te sauver, quelle question, répondit-elle et elle l’embrassa.
— Tu dois désactiver les menottes, dit-il.
— Comment ? Y a-t-il une clé ou un code ?
Wyll ne le savait pas. Il réfléchit un moment. L’eau montait de plus en plus haut. Elle atteignait lentement la poitrine de Rosan.
— Tu dois tirer dessus. Il y a un thermoradiant dans la table.
Rosan se fraya un chemin à travers les masses d’eau jusqu’à la table et s’empara de l’arme. Elle visa les menottes.
— Attends, attends. Essaie-toi d’abord sur des objets inertes, proposa Nordment, légèrement inquiet.
— Pas le temps, dit-elle et elle tira.
Wyll cria, mais sans raison. Le rayon trancha les menottes énergétiques et il put se libérer.
— OK, maintenant fichons le camp d’ici, dit-il rapidement.
Le Terranien prit sa bien-aimée par la main et ils quittèrent la pièce aussi vite que possible. Wyll jura plusieurs fois en raison de la température de l’eau.
Ils durent nager le long du couloir. Leur course ne reprit que quand ils eurent atteint un niveau supérieur.
Ils atteignirent une section avec deux sorties. De l’eau s’écoulait des deux.
Elle était encore maintenue par les portes.
Un petit enfant bleu se tenait dans l’eau et appelait ses parents.
— Nous devons le prendre.
Wyll prit le petit dans ses bras et voulut reprendre sa course. Un Bleu arriva alors. Il cria après Wyll en gatasien et lui arracha le jeune des bras. Il courut alors vers l’une des sorties. Mais soudain l’eau se rua à travers et le Bleu et son enfant furent emportée par la vague. Rosan et Wyll coururent pour sauver leurs vies, mais la vague les emporta aussi. Les deux furent pressés contre le sol. Wyll réussit à se maintenir à une rambarde. Il saisit Rosan à ses vêtements et l’attira vers lui. Puis ils nagèrent avec difficulté le long d’un couloir et purent atteindre à temps une section supérieure avant que l’autre ne soit complètement inondée.
Ils ouvrirent une porte et parvinrent dans une partie encore sèche du Londres. Un des membres d’équipage les réprimanda.
— Ceci est la propriété de la Hanse Cosmique. Vous devrez en répondre.
— Ferme-la ! crièrent Rosan et Wyll en même temps.
Ils se hâtaient pour parvenir sur le pont, espérant trouver encore une place sur une capsule salvatrice.
L’astronef s’était entre-temps légèrement incliné. L’eau commençait maintenant à atteindre les sections des passagers. Ça clapotait déjà sur le pont inférieur. Trente et une des capsules de sauvetage avaient été jusqu’à présent mises à l’eau.
De nombreux humains essayaient en vain de parvenir à une des chaloupes. Rudoch dut en menacer certains avec un thermoradiant pour les repousser. Les nerfs du premier officier étaient à vif.
Rudoch voulut descendre dans une section inférieure, mais le liquide vecteur de mort sortait déjà du puits antigrav à grands flots.
L’orchestre continuait tranquillement à jouer. La positronique de bord jouait toujours d’autres morceaux de musique. Mais cette musique commençait à ressembler plus à un requiem qu’à un apaisement.
Rosan et Wyll rencontrèrent Attakus, Spector et Zhart.
Attakus courut vers eux.
— Tu es là.
Il posa son manteau sur la femme trempée.
— Tu dois immédiatement aller dans cette capsule ! la convia-t-il.
Rosan secoua la tête. Mais Wyll lui conseilla aussi de le faire.
— Écoute-moi, tu dois y aller maintenant.
— Mais pour toi ? voulut-elle savoir.
— Je viens aussi. D’une façon ou d’une autre, j’arriverai à me frayer un chemin, dit Wyll, et il essaya de la calmer ainsi.
— J’ai un arrangement avec un des officiers, il a de la place libre pour nous. Wyll peut venir aussi si cela doit en être ainsi, dit Attakus, surprenant les autres.
— C’est vrai ? demanda Rosan.
— Naturellement ! répondit l’Arkonide sans broncher.
Wyll lui fit un signe de tête. Il comprenait qu’Attakus avait menti, mais il devait d’abord mettre Rosan en sécurité.
Elle monta dans la capsule qui fut ensuite lentement descendue par antigrav. Rosan leva les yeux vers les deux hommes qui la regardaient.
— Il n’y a aucun accord, non ? demanda Wyll.
— Si, mais pas pour toi, répondit froidement Attakus.
Tout se passait comme si le temps était gelé. Elle regarda les autres hommes qui essayaient de sauver leurs vies en criant et en pleurant. Puis elle leva les yeux vers Wyll qui hocha brièvement la tête, résigné.
Rosan ne savait pas ce qu’il voulait dire par là. Mais elle avait le sentiment que c’était la dernière fois qu’elle le voyait. Elle pensa à Attakus et à quel point il était menteur. Et s’il n’y avait pas de place ? Wyll était l’homme qu’elle aimait. Elle ne pouvait simplement pas le laisser seul sur le Londres à l’agonie. Elle estima la distance jusqu’à la rampe et sauta hors de la capsule.
Elle atteignit juste la rampe et se cramponna fermement.
Wyll et Attakus crièrent au même moment.
— Non !
Puis Nordment se mit à courir.
Quelques personnes l’aidèrent à remonter sur le navire. Elle remonta les escaliers en courant pour arriver auprès de Wyll.
Ils se retrouvèrent dans le foyer et s’enlacèrent.
— Rosan, comment as-tu pu être si stupide ? dit-il à voix basse.
— Je ne veux pas quitter ce navire sans toi.
Spector avait suivi cette scène. Il regarda son neveu attristé puis il cria et tira son désintégrateur.
— Maintenant je vais refroidir cette racaille ! hurla-t-il et il tira sur les deux.
— Rosan, cours ! cria Wyll.
Ils coururent en bas des grands escaliers vers l’intérieur du navire. Là, ils essayèrent d’échapper à Spector Orbanaschol furieux, mais celui-ci les suivait. Il dévala l’escalier comme un berserker et tira sur les deux. Il toucha un Unitair qui voulait se sauver.
— Le fumier, raté ! murmura l’Arkonide et il recommença à rechercher les deux.
02 : 15
Rosan et Wyll étaient toujours poursuivis par Spector devenu fou. Il continua à tirer sur les deux jusqu’à ce que son désintégrateur soit vide.
Il arracha ensuite un tuyau sur le mur et essaya de frapper Wyll avec. Les deux luttèrent dans l’eau. Rosan ne pouvait que regarder passive. Spector frappa plusieurs fois le Terranien dans les reins. Wyll s’effondra en gémissant. Rosan se jeta sur le dos de son beau-père pour le retenir. Cela donna à Nordment le temps nécessaire pour reprendre haleine. Après que l’Arkonide ait secoué Rosan, son adversaire reprit le combat et lui porta un coup de pied dans l’estomac. Le déchaîné s’effondra en haletant.
Une porte fut violemment ouverte par un torrent de masses d’eau. Wyll et Rosan grimpèrent le long d’une échelle qui se terminait par une grille. Elle était électroniquement verrouillée.
— Quelle merde ! cria Wyll et il secoua la grille.
— Peut-être pourrions-nous l’ouvrir par un court-circuit ? proposa Rosan.
Spector Orbanaschol se relevait lentement.
— Nous devons nous dépêcher. Ou nous serons noyés, ou mon beau-père nous frappera à mort.
Nordment tâtonna autour de la serrure de la grille. Rosan insistait pour qu’il se presse. Le chef de clan des Orbanaschol avait de nouveau regagné toute sa conscience. Il vit les deux essayer en vain d’ouvrir la serrure.
Arrogant, il commença à sourire. Puis il sortit un autre thermoradiant de sa poche.
— Oh mon Dieu, il a une arme ! cria Rosan.
À ce moment, Wyll réussit et la grille s’ouvrit. Ils se glissèrent en avant qu’elle ne se referme. Spector tira sur eux, mais ne toucha que la serrure de la grille qui fondit.
Il courut vers la grille et essaya de l’ouvrir, mais c’était maintenant impossible.
Il regarda les deux avec rage.
— Je suis désolé, mais nous ne pouvons plus t’aider, dit Wyll avec regret.
L’eau montait toujours. Wyll et Rosan nagèrent hors du couloir et jetèrent un dernier regard sur Spector Orbanaschol désespéré, secouant la grille.
Puis l’eau s’éleva encore plus et devint sa tombe.
02 : 20
La proue du Londres s’était déjà enfoncée dans l’eau. La passerelle de commandement menaçait maintenant d’être engloutie.
Cinq capsules de sauvetages avaient encore été mises à disposition.
Attakus et Zhart avaient manqué leur passage pendant qu’ils recherchaient Spector et Rosan.
Finalement, Attakus décida de s’enfuir.
Il rejoignit Rudoch qui contrôlait les dernières chaloupes.
— J’ai besoin d’un passage. Immédiatement, dit l’aristocrate.
Rudoch le regarda, étonné.
— J’ai payé pour cela ! dit Orbanaschol.
Le premier officier sortit l’argent et le jeta au visage de l’Arkonide.
— Je crache sur ton argent, nous allons crever de toute façon !
Attakus le regarda, désespéré. Puis Rudoch sortit son thermoradiant.
— Sors de la capsule ! ordonna-t-il.
Attakus leva les mains et se retira lentement. Il courut vers l’autre côté, dans l’espoir qu’une chaloupe s’y trouve aussi.
La dernière capsule était remplie de passagers. Arno Gaton se tenait calmement à côté. Pour lui c’était le pire des désastres. Il ne pouvait plus se chercher des excuses. Il aurait sûrement à rendre des comptes et à répondre à des questions à Terrania City sur les capsules de sauvetage manquantes.
Son poste de Porte-parole de la Hanse était fichu.
Mais ce n’était pas une raison pour périr avec le Londres. Il disposait encore de suffisamment de moyens financiers et avec les bons avocats il pourrait s’en tirer.
Comme personne ne montait plus dans la capsule, le Porte-parole de la Hanse sauta dedans. Maintenant, on attendait un signe de Rudoch.
Celui-ci aperçut Gaton et hésita un moment. Puis il donna l’ordre de mettre la chaloupe à l’eau.
Perry Rhodan était réduit à faire des statistiques. Il ne pouvait rien faire de plus. Le Londres coulait et avec lui de nombreux êtres mouraient. Il ne pouvait non plus rien y changer. Rhodan devrait peut-être aussi mourir.
Rodrom aurait alors atteint son but.
Au moins, les animaux aquatiques avaient cessé leurs attaques contre les capsules de sauvetage, grâce à l’idée de Rhodan concernant la viande.
Ils n’attaquaient les passagers nageant qu’isolément.
Rhodan se faisait du souci pour Sam.
— Au cas où nous devrions nager, je le vois mal pour toi. Il vaut mieux que tu ailles dans une chaloupe, proposa Rhodan au Somien.
— Non. Tous les femmes et les enfants doivent être sauvés avant que j’aille dans une de ces capsules de sauvetage, dit-il avec altruisme.
Rhodan leva les yeux au ciel, puis il assomma l’être avien. Il le porta dans une des capsules et le posa dans la chaloupe. Ni Rudoch ni Sparks n’émirent des objections. Rhodan regarda autour de lui et découvrit une petite fille accroupie dans un coin. Il la prit aussitôt et l’assit dans la chaloupe.
Celle-ci fut ensuite abaissée.
Le Londres s’inclinait toujours plus. L’orchestre continuait à jouer de manière désintéressée. Quand le navire se pencha encore plus, ils cessèrent de jouer la danse nuptiale de Paul Lincke.
— Je crois que nous avons accompli notre devoir, dit l’un d’eux.
L’autre secoua la tête.
— Où pouvons-nous aller ? Continuons à jouer.
Il entonna un nouveau chant. C’était Plus près de toi mon Dieu. Les autres l’accompagnèrent.
James Holling alla sur la passerelle de commandement et ferma la porte.
Le Londres continuait à s’enfoncer, la proue en avant. Les masses d’eau entouraient la passerelle. Mais les fenêtres tenaient encore.
Le vieux Plophosien s’installa aux contrôles de navigation et en termina avec la vie. La pression aquatique pulvérisa les fenêtres et les portes, et l’eau se rua à l’intérieur, engloutissant le commandant du Londres.
L’eau pénétrait maintenant partout. Dans le foyer aussi, où l’ambassadeur topside et le patriarche franc-passeur Koliput assis furent inondés. Effrayés, mais dignes, les deux affrontèrent le raz-de-marée arrivant et accueillirent leur fin sans un mot.
Une mère bleue qui n’avait pu atteindre une chaloupe de sauvetage était assise sur le lit de sa cabine avec ses trois enfants et leur racontait l’histoire des créatures bleues, rouges et jaunes qui se réjouissaient de les voir bientôt.
Alex Moindrew errait à travers le navire et s’arrêta dans la salle à manger.
Il regarda un chronomètre et remarqua qu’il n’était plus à l’heure. Il le régla, mais il glissa de l’estrade et tomba au sol en cliquetant. Il dut avouer que le Londres n’était pas un astronef parfait. Il n’était pas indestructible. Il savait que c’était la présomption des Terraniens, de tous les Galactiques, qui avait rendu possible la catastrophe.
Lui aussi se prépara pour la fin imminente.
Rainer Trieber atteignit l’avant-dernière chaloupe de sauvetage. Il implora Sparks pour monter sur la chaloupe.
— S’il te plait… s’il te plait… j’ai une femme et un enfant à la maison. Je veux les revoir, dit le banquier en pleurant.
Sparks lui permit d’aller sur la capsule.
L’homme d’affaire éclata de rire.
— Pour cela, vos survivants auront un compte gratuit à notre Caisse Galactique ! jubila l’homme.
La capsule de sauvetage était déjà comble. Trieber fut le dernier à pouvoir être pris. Derrière lui, Trieber entendit le sanglot de deux enfants epsaliens.
Les deux jeunes rondelets étaient assis sur une banquette et se tenaient serrés l’un contre l’autre.
Trieber hésita. Il regarda dans leurs yeux effrayés. Il voulait les prendre avec lui. Mais il n’y avait de la place que pour un des deux. Ils étaient simplement trop gros. Il ne pouvait en sauver qu’un, à moins que…
Trieber regarda autour de lui. Il pensa à sa famille. Puis il pensa à l’avenir de ces deux Epsaliens. En tremblant, il prit les deux par la main et les assit dans la chaloupe. Il n’y avait désormais plus de place pour lui.
Sparks donna l’ordre de descendre la chaloupe. Rainer Trieber se tenait en pleurant à la rambarde et regardait sa dernière chance partir.
De toute sa vie, il avait surtout pensé à lui, à comment remporter des avantages économiques. Mais cette fois il avait pensé au bonheur des autres.
Bien qu’il fut un homme d’affaires sans scrupules, il fut cependant un héros cette nuit.
Le Londres était maintenant incliné dans l’eau. Toute la partie inférieure était déjà sous la surface.
Les hommes et les femmes essayaient en criant de se frayer un chemin vers la partie arrière.
La dernière chaloupe de sauvetage fut littéralement assaillie.
Rudoch avait beaucoup de mal à retenir les gens.
— Restez là ou je tire ! cria-t-il.
Un des passagers, un jeune Akone, n’obéit pas et monta dans la capsule.
Rudoch tira deux fois sur lui. L’homme s’effondra, mort.
Rudoch fut effrayé de ce qu’il avait fait et laissa tomber l’arme. Certains l’insultèrent, d’autres profitèrent de l’occasion pour rejoindre la capsule.
L’eau avait déjà atteint le pont, si bien qu’on ne pouvait plus la descendre par antigrav.
Attakus arriva aussi à rejoindre la chaloupe. Il commença cependant à chanceler. Attakus repoussa une vieille femme de la capsule. Elle tomba en criant dans l’eau.
— Descendez-la, ou la capsule va chavirer, cria-t-il.
La poupe du Londres s’élevait déjà à quelques mètres au-dessus de l’eau.
L’astronef était à un tiers englouti. Il commençait maintenant à couler de plus en plus vite.
Ullrich Wakkner courait par-ci par-là en criant et essayait de se tenir où que ce soit, mais l’eau attirait à elle le banquier. Il nagea directement vers la première colonne et essaya de nouveau d’atteindre une rambarde.
Environ cinquante mètres plus bas, Attakus avait pris la chaloupe de sauvetage sous son contrôle.
Les ancrages de la première colonne commençaient maintenant à se détacher. L’immense colonne tomba dans l’eau avec un grand grincement et un sombre grondement sourd.
Ullrich Wakkner hurla brièvement puis il fut écrasé par la masse gigantesque, comme beaucoup d’autres qui nageaient devant le support. La vague arracha quelques douzaines de Galactiques du navire. Dont Rudoch. Il essaya en vain de se tenir à une rambarde. La vague était plus forte et le maintint sous l’eau jusqu’à ce qu’il n’ait plus d’air et que l’eau pénètre dans ses poumons.
Sparks put un peu mieux faire de l’autre côté. Il échappa de justesse à la vague et grimpa en direction de la poupe.
Une panique totale avait éclaté partout. Les hommes et les êtres criaient à l’aide, mais personne ne pouvait plus les aider.
La fin n’était plus peut-être qu’une question d’heure.
Le père Dannos et ses Enfants du Soleil s’était rassemblés sur le pont arrière. Ils étaient assis autour de leur gourou et priaient.
— Mes enfants, comme l’a dit le dieu rouge, nous serons pris en lui et créerons ainsi le chemin vers une entité, divagua le fou.
Herb et Herriet Kleinfeldt s’étaient déjà séparés de leur guide. Ils essayaient aussi désespérément de trouver une possibilité de sauvetage.
Louise Craufordt regarda un enfant terranien qui glissait dans l’eau et criait fort. Elle commença à pleurer. La Terranienne avait pris une bouteille de vurguzz pour mieux supporter la fin.
La colère monta en elle.
— Espèce de porc ! commença-t-elle à crier après Dannos. Tu avais dit qu’il n’arriverait rien aux enfants.
Elle montra l’enfant en train de se noyer.
Dannos secoua la tête.
— Non, bredouilla-t-il. Je ne le comprends pas. J’ai dit pourtant que… Louise… l’enfant part dans l’amour !
Mais Craufordt ne croyait plus son maître. Elle sortit une arme et tira cinq fois sur le père Dannos. Les rayons le transpercèrent. Une grande stupeur se dessina sur ses traits puis il bascula en arrière dans l’eau.
Le Londres avait maintenant à moitié coulé. La poupe était déjà de cent à deux cents mètres au-dessus de la surface. Sept cents mètres environ étaient déjà engloutis.
Des hommes désespérés sautaient sans cesse dans l’eau. Mais ils n’atteignaient pas les capsules pour la plupart. Les prédateurs aquatiques étaient à nouveau actifs. Ils saisissaient un passager et le déchiquetaient.
Rosan et Wyll avaient entre-temps aussi gagné le pont. Ils se frayaient lentement un passage en direction de la poupe à travers les masses hurlantes.
Ils grimpèrent sur une entrée et sautèrent. Rosan tomba au sol et perdit Wyll du regard.
— Wyll ? Wyll ? cria-t-elle.
Elle avait énormément peur.
Puis elle saisit une main. À son soulagement c’était celle de Wyll. Il reprit sa course avec elle vers l’extrémité du navire.
Puis un grand cri quand la lumière s’éteignit. On entendit quelques explosions.
Imperturbables, ils continuèrent pourtant à se frayer un chemin.
Devant eux se tenait un prêtre terranien qui en appelait à la dernière prière. Devant lui étaient agenouillés quelques êtres – pas seulement des Terraniens.
Sur le chemin de la rambarde arrière, Wyll et Rosan rencontrèrent Shel Norkat. Elle était complètement désespérée.
— Si seulement j’étais restée auprès d’Aurec, cria-t-elle.
Rosan essaya de la prendre avec elle, mais Shel se dégagea et chancela vers l’autre direction.
Chapitre 5 – La mort du Londres.
03 : 00
Plus tôt, le foyer avait été le centre du navire, le centre des activités et de la vie. Maintenant, il était inondé et des corps d’hommes et de femmes sans vie flottaient.
Six cents mètres peut-être s’élevaient encore hors de l’eau. La deuxième colonne était déjà sous l’eau.
De nombreux hommes dévalèrent le pont, car il était très raide. Ils heurtaient souvent des portes ouvertes ou des parties saillantes.
Rosan et Wyll avaient atteint la rambarde arrière. Perry Rhodan était là aussi. Il avait essayé de ramener de l’ordre dans le chaos, mais cette fois l’immortel était impuissant. Il s’était mis derrière la rambarde et s’y maintenait.
Wyll et Rosan suivirent son exemple. Wyll monta dessus, mais Rosan n’y parvint pas complètement. Elle s’agrippa de l’autre côté de la rambarde.
À côté d’eux, elle vit Rainer Trieber.
Quelques autres personnes sautèrent simplement dans l’eau. Beaucoup tombèrent sur les blocs-propulsion et furent déchiquetés. D’autres ne survécurent pas à la chute dans l’eau.
Rien ne pouvait plus les sauver. L’angoisse et le désespoir étaient écrits sur leurs visages.
Les capsules de sauvetage s’étaient entre-temps éloignées de 500 à 1.000 mètres. Cela leur donnait une certaine distance de sécurité.
Le Londres s’élevait encore haut et ténébreux au-dessus de l’eau. Les lumières et la musique s’étaient éteintes.
On entendait encore les cris et les pleurs des humains à bord.
Arno Gaton le vivait avec un frisson glacé dans le dos. Il enfouit son visage entre ses mains.
Sam avait entre-temps regagné conscience. Il maudit Perry Rhodan de l’avoir assommé. Mais il lui souhaitait aussi toute la chance possible. Il pria pour les êtres à bord du Londres. Il pria pour leurs âmes et pour leur libération rapide. Il espérait que quelques-uns parviendraient à s’en sortir.
En particulier Perry Rhodan…
Zhart se tenait fermement à la rambarde et essayait de grimper vers le haut. Mais il y avait encore 800 mètres jusqu’à la rambarde supérieure du Londres. Il se trouvait dans la partie médiane du navire. Il crut entendre un craquement et quelques explosions. Puis cela fut confirmé. Quelques générateurs explosèrent et causèrent plusieurs déchirures à travers le Londres. La partie avant ne pouvait plus supporter les 300 mètres restant de la partie arrière et les lourds blocs-propulsion. Il se brisa dans le milieu.
Zhart glissa à travers la déchirure et tomba dans le vide. La partie arrière du Londres retomba dans l’eau et se brisa. Les hommes hurlèrent durant la chute.
Rosan ferma les yeux et se tint fermement. Elle entendit le heurt violent de quelques corps. Puis elle ouvrit les yeux et regarda Wyll. Il avait survécu au choc, tout comme Perry Rhodan. Les deux aidèrent Rosan à passer derrière la rambarde.
La partie avant séparée coula. Le reste se remplit lentement d’eau puis il s’éleva, plus haut et plus haut.
Les quatre cents mètres du navire se dressèrent verticalement jusqu’à rester immobile en l’air.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? cria Rosan.
— Je ne sais pas, dut avouer Wyll.
Maintenant, la poupe s’arrêtait en l’air. Le navire oscillait de part et d’autre, mais ne coulait pas.
Rhodan se sentit mal en regardant dans le vide. L’immortel s’agrippa de toutes ses forces à la rambarde pour ne pas basculer dans le vide.
Rosan regarda les hommes qui pendaient à la rambarde. Elle reconnut Shel Norkat qui pendait à une entrée avec les yeux grand ouverts. Elle avait manifestement du mal à se maintenir. Elle glissa lentement jusqu’à dévisser complètement et tomber. Elle percuta un mât qui se brisa. Puis elle tomba de quatre cents mètres dans les profondeurs.
Rhodan respira profondément. Le moment semblait durer une éternité. La fin du Londres était imminente. Mais le sort joua encore un tour sadique, retardant encore la fin.
Rhodan reconnut l’enfant unitair et l’enfant terranien. Les deux étaient dans les bras d’une femme. Elle leva brièvement les yeux vers l’immortel.
L’affliction et la peine se lisaient dans ses yeux.
Des larmes coulaient aussi des orbites de Perry Rhodan. Ces enfants devaient maintenant mourir. Pourquoi et à quelle fin ? Tout leur serait pris.
Ils n’avaient jamais eu la chance d’entrer dans la vie. Ils ne pourraient jamais aimer, jamais avoir des enfants, jamais exaucer leurs désirs.
Rhodan maudit Rodrom et le haït pour cette action comme il n’avait jamais haï quiconque.
Quelques autres hommes tombèrent dans le vide.
Rainer Trieber se tenait en tremblant à la rambarde. Il en avait déjà terminé avec sa vie.
Rhodan se reprit.
— Rosan, Wyll ; vous devrez lâcher quand le Londres sera dans l’eau. Alors, essayez aussi vite que possible de remonter à la surface avant que vous ne soyez aspirés. Peu avant que l’eau n’atteigne la rambarde, prenez votre respiration, dit-il rapidement.
Puis une secousse ébranla le Londres. Un hurlement. La fin arrivait maintenant. Le Londres commença de nouveau à couler. Lentement, mais inexorablement l’eau s’approchait mètre par mètre.
— Oh Dieu, oh Dieu. Je ne veux pas mourir déjà ! cria Rosan.
Wyll prit sa main.
— Tu as entendu ce que Perry a dit. Prends ta respiration quand je te le dirai.
Les deux tremblaient. Rhodan attendait l’eau. Elle était encore à 200 mètres, 100, 50, 25. Des hommes furent projetés vers le bas et disparurent dans le liquide sombre.
Puis l’eau atteignit la rambarde.
— Prenez votre respiration ! cria Rhodan.
Les trois prirent en même temps leur respiration. La rambarde fut aussi engloutie. Les blocs-propulsion furent les derniers à regarder encore le ciel, mais ils disparurent aussi dans l’eau avec les hypercapteurs et le drapeau de la Hanse Cosmique.
Le Londres avait coulé et avait emporté dans sa mort 10.000 êtres. Le drame était terminé.
Chapitre 6 – Après l’Apocalypse.
Rosan essayait avec acharnement de remonter à la surface. Elle perdit la main de Wyll et essaya de rétablir le contact avec lui, mais elle n’y parvint pas.
La demi-Terranienne nagea alors vers la surface. L’aspiration était étonnamment faible aussi elle réussit à regagner le haut.
La première chose qu’elle cria fut le nom de Wyll. Mais elle n’était pas la seule à crier. Elle était entourée par plus de mille survivants qui nageaient en criant à l’aide.
Derrière lui apparut un homme qui l’enfonça sous l’eau. Il était manifestement en état de choc et criait. Rosan remonta peu après et voulut aspirer de l’air. Elle entendit alors une voix familière dire :
— Laisse-la !
C’était la voix de Wyll. Il nagea rapidement vers les deux et frappa l’homme au visage qui relâcha Rosan immédiatement.
Wyll enlaça sa bien-aimée ardemment.
— Dieu merci, tu es vivante ! bredouilla la jeune Orbanaschol.
Wyll mit un bras autour de la taille de Rosan et la tira avec lui. Il avait vu un morceau de bois flottant. Il venait probablement d’une porte.
Il mit Rosan sur le morceau salvateur. Il faisait deux mètres de long et environ la moitié de large. Mais il ne pouvait supporter qu’une personne.
Wyll dut se tenir au morceau. Il regarda autour de lui. Les hommes et les femmes dans l’eau criaient à l’aide, désespérés, mais personne ne semblait les entendre. Les chaloupes de sauvetage étaient distantes d’un kilomètre.
Elles ne bougeaient pas.
Wyll tenait fermement la main de Rosan. Les deux se regardèrent dans les yeux.
— Nous sommes toujours en vie. Maintenant nous nous en sortirons ! l’encouragea-t-il.
Elle rit faiblement. Il commençait à pleuvoir.
— Nous ne pouvons pas être plus mouillés, chuchota-t-elle sarcastiquement.
Wyll regarda de nouveau autour de lui. Il croyait avoir découvert Perry Rhodan. Le jeune Terranien lui fit signe.
C’était vraiment le porteur de puce-activateur. Rhodan rit en les voyant. Il s’était maintenu à une chaise en plastique et nagea avec elle vers le couple d’amoureux.
— Je suis content de vous voir tous deux en vie.
Les capsules de sauvetage flottaient tranquillement sur la mer. Quand il commença à pleuvoir, les coupoles se fermèrent.
Les quatre mille hommes et femmes étaient toujours assis dans les chaloupes hors service et espéraient une aide prochaine.
Sam ne pouvait rester tranquillement assis. Il pensait aux mille êtres vivants qui luttaient pour la vie au-dehors dans l’eau.
— Nous devons revenir. Les capsules ne sont pas toutes complètement remplies. Nous pouvons encore sauver des vies, dit le Somien.
Spechdt, l’ancien chef de la détection du Londres, rétorqua sèchement :
— Ça, tu peux l’oublier. Je ne retournerai plus en arrière. Les chaloupes pourraient encore chavirer.
Sam secoua la tête de colère.
— Mais c’est de la folie. Les humains ont besoin de notre aide. Vous tous, ce sont vos hommes, vos femmes et vos enfants là derrière. Vous ne pouvez pas simplement les laisser mourir ! les exhorta-t-il.
— Si tu ne fermes pas tout de suite ton bec, tu vas aller leur tenir compagnie dans l’eau, lui jeta Spechdt au visage.
Sam poussa un profond soupir et se rassit, secouant la tête.
04 : 00
Depuis déjà une heure les survivants nageaient. Les cris devenaient plus faibles. Quelques-uns s’étaient déjà écroulés à bout de forces.
Wyll essayait de nouveau de remonter le moral de Rosan.
— Hé, ça pourrait être pire, dit-il en riant.
Rosan répondit par un faible rire.
Elle aussi était toujours trempée jusqu’aux os. La pluie ne voulait pas s’arrêter.
— Les capsules de sauvetage arriveront bientôt et nous récupéreront, fit Wyll, en consolant la femme qu’il aimait.
Il regarda Perry Rhodan, interrogateur, mais celui-ci secoua seulement la tête.
Perry entendit quelques cris. Les prédateurs marins avaient de nouveau faim. Ils se ruaient hors de l’eau et attrapaient leurs victimes. La panique éclata de nouveau parmi les survivants.
— Ça devient pire, dit Rosan.
04 : 30
Il pleuvait toujours. On entendait dans les capsules le crépitement sur la coupole. Un grand calme régnait toujours parmi les rescapés.
L’officier radio du défunt Londres, Sparks, essayait maintenant d’organiser un sauvetage des survivants nageant toujours dans l’eau.
Il établit le contact radio avec les autres capsules et leur ordonna de charger les capsules non complètes pour qu’elles soient toutes pleines. Les capsules devaient en prendre autant que possible.
Sam apporta son aide et essaya de faire avancer l’action. Mais cela dura une éternité…
06 : 00
Un silence fantomatique régnait sur la mer. Les cris des survivants s’étaient tus. On n’entendait plus que le bruissement des vagues et le crépitement de la pluie. Ou encore un gémissement ou un soupir isolés.
Rosan s’était entre-temps endormie. Perry Rhodan empêchait Nordment de s’assoupir. Il était déjà depuis trois heures dans l’eau. S’il s’endormait, il pourrait souffrir d’hypothermie. L’eau n’était pas glacée avec juste 10 °C, mais pas particulièrement chaude non plus.
Les poissons prédateurs s’étaient entre-temps retirés. Depuis déjà une heure ils n’avaient plus arraché de Galactique. Mais la mer présentait une tombe immense. Rhodan estimait que bien mille hommes avaient trouvé la mort dans les trois dernières heures. Que ce soit par les poissons prédateurs, d’hydrocution ou d’épuisement.
Rhodan vit deux capsules s’approcher. Soulagé, il secoua Wyll Nordment qui sursauta. Rhodan indiqua la direction du sauvetage qui arrivait.
Wyll réveilla doucement Rosan qui regarda autour d’elle, irritée.
— Ils viennent pour nous sauver ! dit Wyll joyeusement.
Rosan rit.
Wyll et Rhodan firent signe aux capsules de s’approcher. Les autres survivants, il y en avait encore 400, attirèrent aussi l’attention sur eux.
Beaucoup nagèrent vers les deux capsules. Les écoutilles s’ouvrirent et les premiers furent pris à bord.
Mais le bonheur ne dura pas longtemps. Rhodan entendit derrière lui un bruissement rapide. C’étaient les poissons prédateurs. Ils attaquèrent de nouveau beaucoup de personnes et les attirèrent dans les abîmes. Une panique éclata. Une des créatures surgit soudain devant Rosan et Wyll. Elle percuta Wyll à la poitrine et déchira sa cuisse avec ses nageoires tranchantes. Puis elle découvrit un homme deux mètres derrière elle. Elle se cabra et bondit sur lui. Il ne resta qu’une vague. L’homme ne réapparut jamais.
Rhodan nagea vers Wyll pour constater la gravité de sa blessure.
— Ça ira, toussa Wyll.
Il rejoignit le morceau de bois avec Rosan. Elle tendit aussitôt de nouveau ses mains et l’embrassa.
— Tu dois tenir ! dit-elle doucement.
Rhodan fit signe à une des chaloupes. Sparks vit Rhodan, mais ne fit rien.
Au lieu de donner l’ordre de le rejoindre, il prit un haut-parleur.
— Je suis désolé, nous ne pouvons pas prendre plus de 150 personnes à bord. Les chaloupes sont pleines à ras bord. S’il vous plait, pardonnez-nous, mais tenez jusqu’à ce que de l’aide arrive.
Wyll regarda Rosan, effrayé.
— Nous avons un blessé ici ! cria Rhodan.
La deuxième chaloupe de sauvetage s’approcha des trois. Rhodan fut reconnaître Sam qui regardait par l’écoutille.
— Nous prenons Wyll Nordment avec nous. Je vais dans l’eau pour cela, proposa le Somien.
Wyll ne voulut d’abord pas, mais Rhodan put le convaincre.
Soudain, cent survivants environ encerclèrent la capsule et essayèrent de monter à bord.
— Ça n’ira pas comme ça. Nous devons fermer l’écoutille sinon la chaloupe va chavirer ! dit Spechdt.
Sam répondit par la négative.
— Tant que je suis ici, elle reste ouverte !
Spechdt sembla le prendre au mot. Il poussa Sam dans l’eau et ferma l’écoutille. La capsule continua à dériver, laissant derrière elle les hommes hurlants.
Perry nagea vers le Somien qui avait manifestement du mal à se maintenir en surface. Sam saisit aussitôt la chaise de plastique et s’y maintint.
— À quoi sert-il que je t’aie assommé si tu joues encore au héros ? demanda ironiquement Rhodan.
Les poissons prédateurs s’étaient retirés, mais ils pouvaient revenir à tout moment.
08 : 00
Il avait cessé de pleuvoir, mais il faisait maintenant noir. La plupart des hommes étaient morts. Plus personne ne prononçait un mot. Perry Rhodan et Sam se maintenaient mutuellement éveillés.
Wyll tremblait de temps en temps. Rosan essayait de le réconforter. Mais les forces lui manquaient aussi.
— Wyll, murmura-t-elle faiblement.
Elle toussa plusieurs fois.
— Oui ?
— Je t’aime.
— Hé, ça sonne comme un adieu, bégaya-t-il.
L’eau se refroidissait nettement après tant d’heures.
— Je n’y arrive pas, Wyll, souffla Rosan.
Il renforça la pression dans ses mains qui tenaient toujours celles de Rosan.
— Tu dois me promettre d’y arriver. Tu deviendras extrêmement vieille et auras de nombreux enfants sur Camelot, lui promit-il.
— Seulement si tu es le père, chuchota-t-elle.
Wyll voulut répondre quelque chose, mais la douleur des côtes brisées et de la cuisse le firent tressaillir.
— Sûr… dit-il seulement.
Il savait qu’il ne pourrait plus tenir très longtemps. Peut-être encore une demi-heure, puis il s’écroulerait. Mais aucune aide n’était en vue. D’où, d’ailleurs ? C’était fini. Il espérait seulement que Rosan y arriverait.
— Rosan, tu es la femme la plus extraordinaire que j’aie jamais rencontré.
Même si ça semble idiot, te rencontrer ici fut le mieux qui me soit jamais arrivé, lui avoua-t-il.
Elle rit de nouveau faiblement. Elle aussi tremblait. Un vent froid soufflait maintenant au-dessus de la mer.
Elle entendit tout un coup un murmure venant du ciel. Plusieurs lumières apparurent.
— Des astronefs ! cria Rhodan. Le salut arrive, poursuivit-il.
Les autres dans les capsules le remarquèrent aussi. Ils firent signe aux Gazelles.
— Ce sont des navires galactiques, fit Sam étonné.
Wyll voulut pousser un cri de joie, mais un poisson prédateur surgit alors.
Il renversa le morceau de bois. Rosan tomba dans l’eau. Elle s’éloigna un peu à la nage, mais la créature entama la poursuite.
— Rosan ! cria Wyll désespéré.
Il arracha quelque chose au bois et le jeta sur l’animal. Celui-ci réagit.
Rosan avait entre-temps atteint une des capsules.
— Wyll, éloigne-toi ! cria-t-elle effrayée.
Mais il ne le pouvait plus. Il n’avait plus de possibilité de se cacher. Le prédateur se rua sur lui avec la gueule largement ouverte.
Wyll entendit Rosan en pleurs hurler.
— Adieu, je t’aime aussi Rosan !
Le colosse tomba sur la bête. Les quatre bras agrippèrent le corps et le déchirèrent en morceaux. Puis le monstre noir se tourna vers Wyll Nordment.
Le plus étrange était que cette créature n’était pas là il y a une minute.
Elle était simplement tombée du ciel dans l’eau. Juste sur le prédateur. Un être pelu avec une dent unique était assis sur le géant aux trois yeux rouges qui brillaient.
Il ressemblait à un mulot. L’être sourit largement alors qu’il nageait vers Nordment avec le colosse.
— Tu es sauvé ! Be happy ! Nous l’avons même fait gratis, entendit Wyll dire la voix aiguë de l’être.
Il était interdit. À côté de lui se posa un véhicule amphibie. Il sortit de l’eau Rosan, Perry Rhodan, Sam et deux autres. Puis Wyll sentit comme si une main invisible le soulevait. Il savait maintenant qui étaient ces deux-là.
C’était Icho Tolot et L’Émir.
Un autre Arkonide se trouvait dans le véhicule, il aidait Rosan. Wyll pensa d’abord qu’il s’agissait d’Attakus Orbanaschol puis il reconnut l’homme.
C’était Atlan.
Perry Rhodan serra son ami dans ses bras.
— Comment nous as-tu trouvés ?
— Les gens de Dannos avaient un contact qui exigeait une rançon. Nous avons pu le trouver et L’Émir l’a interrogé. Nous avons appris de lui où le Londres a été arraché de sa route initiale. Nous nous y sommes rendus et avons découvert la sonde d’exploration d’un peuple appelé Saggittoriens.
Nous l’avons déchiffrée et trouvé les coordonnées de cette galaxie. Puis nous sommes tombés sur votre appel de détresse, expliqua Atlan en détail.
— Quelque chose d’horrible a dû se passer, dit Icho Tolot en regardant la mer.
— Oui, Tolotos. Quelque chose de très horrible, confirma Rhodan.
Puis il regarda Rosan qui courait vers Wyll, blessé. Il se dirigea vers eux.
— Bon, puisque vous avez survécu tous les deux, je dois tenir ma parole.
Vous devez aller à Camelot. Là, vous pourrez tous deux vivre en paix, dit-il en riant.
Il les enlaça tous deux brièvement.
— Tu vois, Rosan, nous l’avons fait tous les deux, dit faiblement Wyll.
— Ne dis plus rien maintenant, répondit-elle et elle l’embrassa.
Attakus Orbanaschol s’approcha d’eux, sortant de l’une des capsules. Il les regarda brièvement et repartit, résigné.
Il ne pourrait plus empêcher leur bonheur. Ni ses intrigues ni la fin du Londres n’avaient pu détruire leur relation. Rien ne pouvait s’interposer à l’amour de Wyll Nordment et Rosan Orbanaschol.
Les Gazelles et les glisseurs avaient entre-temps pris à bord tous les survivants se trouvant dans les capsules de sauvetage. Ils furent emmenés aux véhicules et nourris. Quelques-uns souffraient d’hypothermie ou d’état de choc. Ils devaient être immédiatement traités médicalement.
Quelques restes du Londres dérivaient encore sur la mer, comme des chaises, des portes ou d’autres choses flottables.
L’Émir et Icho Tolot se tenaient toujours au bord du véhicule et regardaient la mer tristement. Ils n’avaient pas vécu la nuit terrifiante, mais ils savaient qu’environ 11.000 êtres vivants avait subi une mort cruelle.
Perry Rhodan pensait à Rodrom. Il jura de se venger pour ce qu’il avait fait. Mais la fin du Londres aurait aussi des suites pour Gaton et ses Porte-parole de la Hanse.
Puis il pensa aux 10.000 hommes et femmes qui avaient laissé leur vie.
— Votre mort sera vengée, promit-il.
Atlan s’approcha de lui.
— Tu as un souhait, barbare ?
— Rentrons à la maison !
Épilogue.
Le navire autrefois si fier repose maintenant au fond de la mer à une profondeur de 12.312 mètres. Avec le Londres, 11.023 hommes et femmes de la Voie lactée et du Groupe Local ont trouvé leur dernier repos. Seuls 3.999 êtres vivants ont survécu à la plus grande catastrophe d’un croiseur de luxe dans l’histoire de la Nouvelle Datation Galactique.
Le Londres devait devenir le plus beau et le plus puissant navire de la Galaxie, mais il devint un navire de mort. On se souviendra encore dans des siècles du sort cruel du navire de la Hanse. Rodrom avait raison, car on l’associerait au désastre. Mais on pensera aussi à la négligence de la Hanse, car il n’y avait pas assez de capsules de sauvetage à bord pour des raisons matérielles.
Il y aura dans un proche futur une excuse publique de tous les Porte-parole de la Hanse et Arno Gaton en personne devra vivre avec une mauvaise conscience dans sa villa puis à la retraite, mais cela ne fera pas revivre les 11.023 êtres.
Perry Rhodan baptisa le système où fut écrit le dernier chapitre du Londres du nom de « Tombe du Londres ».
Il espérait que personne ne pénètre dans ce système, mais il savait qu’à un moment des chercheurs ou des journalistes curieux essaieraient de perturber le dernier repos du Londres.
Beaucoup perdirent la vie dans la nuit terrifiante du 12 décembre 1285.
NDG. James Holling, le capitaine du Londres ; Spector et Thorina Orbanaschol ; Hermon de Zhart ; Rainer Trieber ; Shel Norkat ; Ullrich Wakkner ; Alex Moindrew ; Koliput, le patriarche franc-passeur ; Terek Orn, l’ambassadeur de Topsid ; le premier officier Rudoch ; le chef de la détection adjoint Maskott ; l’enfant terranien et l’enfant unitair, comme 11.009 autres êtres vivants.
Qu’ils reposent à jamais en paix.
FIN